Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Journal d'un ségoléniste ! Et autres petites histoires !
15 février 2008

NICOLAS SARKOZY, EXHIBITIONNISTE SELON ROYAL, A VIOLE LA VIE PUBLIQUE DES FRANCAIS AVANT QUE LA PRESSE N'AIT VIOLE SA VIE PRIVEE

Après avoir bâti sa stratégie de conquête du pouvoir sur la mise en scène publique de sa vie intime, on aurait pu penser que devenu président de la République, Nicolas Sarkozy renoncerait à ce mélange des genres. Or depuis son élection le 6 mai 2007, le "très-bling-bling-chrétien" président a continué à distiller aux médias des événements choisis de sa vie intime et à en cacher d'autres, pensant s'assurer ainsi une popularité constante. C'est là le sens de ce que l'on pourrait appeler le "pipolitisme". Les Français s'identifieraient, de façon fusionnelle, à "leur" président, "un homme comme un autre". Mais cette fusion a précisément consumé la fonction publique présidentielle, la magistrature suprême. Elle a privatisé, depuis le sommet de l'Etat, l'espace public et politique auxquel les Français appartiennent ou qui appartient l'espace public de tous les Français. Elle a aboli l'antique séparation entre vie privée et vie publique et politique, avec tous les risques que cela suppose. Devant le dégoût de l'opinion face aux excès de cet exhibitionnisme, Nicolas Sarkozy a donc décidé de changer de stratégie, en "protégeant sa vie sentimentale" et en s'attaquant brutalement à cette presse qu'il convoquait jusque là à commenter les aléas de sa vie privée, pour mieux parasiter le débat public...

HANNAH ARENDT

"D'après la conception antique, le statut de l'individu

dépend complètement de l'espace dans lequel il lui

arrive d'évoluer, au point que le même homme, qui,

en tant que fils adulte d'un père romain, était

soumis à son père comme s'il était sa propriété,

pouvait se retrouver, en qualité de citoyen, dans la

situation de le commander."

Qu_est_ce_que_la_politique_de_Hannah_ArendtHannah Arendt,

Qu'est-ce que la politique?

.

.

VIOLATION DE LA VIE PRIVEE DU PRESIDENT OU VIOLATION DE L'ESPACE PUBLIC PAR LE CHEF DE L'ETAT: LE PARADOXE DE L'OEUF ET LA POULE?

 

 

Logo_Nouvel_ObservateurAprès la publication par le NouvelObs.com du contenu d'un mini-message téléphonique (SMS), attribué au président de laL_Express_Carla_Bruni République, Nicolas Sarkozy, et envoyé à son ex-épouse Cécilia, le président de la République a donc déposé le 7 février 2008 une plainte au pénal contre cet organe de presse, pour "faux, usage de faux et recel", passible de 3 ans d'emprisonnement.

Sa nouvelle et troisième épouse, Carla Bruni-Sarkozy a, quant à elle, dans son premier entretien à la presse française en tant que première Dame de France, comparé le comportement des journalistes à celui des collaborateurs du régime de Vichy qui avaient dénoncé des juifs, arrêtés, déportés puis assassinés. Auparavant, la secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères et aux droits de l'homme, Mme Rama Yade, avait traité les journalistes de "charognards" et comparé le président à une "proie", victime d'une "chasse à l'homme", humée et traquée par des chasseurs...

Jean_DanielJean Daniel, patron du Nouvel Observateur a reconnu, dans l'édition du 14 février,  l'"erreur"Etoile_juive qu'était la publication de l'information sur le SMS présidentiel sur son site internet .

Carla Bruni-Sarkozy s'est quant à elle "excusée" si elle avait pu choquer quelqu'un en comparant des journalistes à des "collabos" et à des dénonciateurs de juifs.

Beaucoup de journalistes, dont Alain Duhamel, dans Libération, Philippe Val, pour Charlie-Hebdo, ont condamné la publication par leur confrère d'une information relevant de la stricte intimité du président de la République.

Alain Duhamel, journaliste politique de référence et d'expérience, écrivait ainsi dans sa chronique politique du 13 février 2008 que, même si Nicolas Sarkozy avait joué l'exhibtionnisme et mélangé vie privée et vie publique, "le site du Nouvel Observateur a franchi une nouvelle étape dans l'intrusion dans la vie privée", commettant un "viol caractérisé de la vie privée". Les deux journalistes s'inquiètent en même temps de la procédure choisie par le président pour faire condamner l'organe de presse en question.

Tout cela, sans compter la bourde et la diffamation inqualifiables commises par la nouvelle première Dame de France,Paradoxe_de_l_oeuf_et_de_la_poule Carla-Bruni-Sarkozy, pourrait prêter à sourire... Tout cela pourrait paraître, en ces temps de confusion et d'immoralité politiques -dans ce climat délétère comme on le disait autrefois- anecdotique...

On pourrait, au vu de la réaction des journalistes qui condamnent l'"erreur" du Nouvel Observateur, se demander qui de l'oeuf ou de la poule était là en premier, qui de la presse politique ou du président de la République a entrebaîllé la boîte de Pandore de la publicisation de la vie privée et de la privatisation de la vie publique du détenteur provisoire de la "magistrature suprême", Nicolas Sarkozy.

Approche confortable qui permet de ne pas trancher la question.

Journalistiquement, le débat restera sans fin. Certains monteront au créneau au nom de l'"éthique journalistique" qu'aurait violée le Nouvel Observateur, d'autres, moins nombreux, et condamnés d'avance comme "sarkophobes" -néologisme inquiétant s'agissant d'un président de la République", estimeront que Nicolas Sarkozy est seul fautif puisqu'il a sans cesse joué la carte politique de sa "pseudo" vie privée, au nom de la transparence.

Politiquement parlant, l'affaire devrait être envisagée autrement, ce qui n'est pas le cas et révèle une grande faille culturelle et républicaine du journalisme français.

NICOLAS SARKOZY, EN TANT QUE PRESIDENT, A SCIEMMENT VIOLE LA PUBLICITE DE L'ESPACE PUBLIC AVANT QUE DES JOURNALISTES N'AIENT VIOLE SA VIE PRIVEE

 

 

 

 

Logo_Opinion_wayCar il est possible de trancher ce débat, dès lors que la France est encore uneLe_Figaro République.

A ce propos, un sondage réalisé par OpinionWay et publié sur le site internet du Figaro ce 14 février 2008, révèle que 82% des sondés condamnent le comportement privé du président de la République.

Ce chiffre étonnant conflue avec la dénonciation, par la presse étrangère, par l'opposition de gauche et du centre, par le président du Conseil constitutionnel lui-même comme par des membres éminents de l'UMP -"son parti"-, de l'abaissement de la fonction présidentielle initié par Nicolas Sarkozy lui-même. Abaissement vivement ressenti, dixit les sondages derniers, par l'"opinion publique".

Pourquoi une telle cristallisation? Même si ce n'est qu'un sondage, on peut gager que les Français font encore la disctinction entre la vie privée et la chose publique, entre l'intimité d'un "Français comme les autres" et l'action publique du plus haut responsable de l'Etat, qui a en charge les affaires publiques et le destin politique, et même vital, du pays.

Nicolas_Sarkozy__pr_sident_de_la_R_publique_est_le_chef_des_arm_es

Le président de la République, même Nicolas Sarkozy, n'est pas un "homme comme un autre". Il est notamment, d'après la Constitution, le "chef des armées", tenant le destin vital du pays "entre ses mains".

 

Depuis l'invention de la cité et de la démocratie grecques, puis de la res publica romaine, une distinction mouvante, mais persistante, marque les communautés politiques. Celle qui fait le départ entre la vie privée d'une part: le foyer et la famille, la vie politique d'autre part: les affaires de la Cité.

Entre les deux, la société et les membres de la société civile, la presse, depuis qu'elle est libre notamment, choisissent de se pencher sur l'une ou l'autre des deux rives, dans les limites fixées par la loi et tranchées par la Justice en cas de litige.

Hannah_Arendt__penseur_de_la_R_publiqueMême en 2008, dans le cadre d'une "société de masse de consom-munication" la distinction Condition_de_l_homme_modernedemeure d'actualité. Et ce malgré l'évolution déplorée par Hannah Arendt, dans La condition de l'homme moderne, au XXe siècle, qui fait que "même les présidents, les rois, les premiers ministres voient dans leurs fonctions des emplois nécessaires à la vie de la société" et que, "parmi les intellectuels, il ne reste que quelques solitaires pour considérer ce qu'ils font comme des oeuvres et non comme des moyens de gagner leur vie".

Toute la question est là. Si la société ne considère les hommes que comme des travailleurs travaillant pour "gagner leur vie", qu'en est-il des présidents, des rois et des premiers ministres, ayant in fine en charge la destinée de communautés politiques entières? Dans cette société, ces personnes sont-elles devenues des hommes et donc des travailleurs comme les autres?

Tout laisse penser que les Français, interrogés sur cette question du "comportement privé" de leur président, NicolasL_agora_grecque Sarkozy, répondraient que non. Parce qu'entre les "chefs d'Etat" et le peuple qui les mandate ou qu'ils représentent, il y a l'intérêt général, le destin national, l'espace commun du politique ou encore, en république, la "chose publique", qui les dépassent et les transcendent.

Comme Hannah Arendt rappelait que dans la conception politique romaine, le statut du simple individu n'était pas le même selon qu'il évoluait dans son foyer ou dans le Forum ou au sein des institutions politiques, il conviendrait de rappeler au "président" que son statut n'est pas le même selon qu'il s'exprime en tant que personne privée ou en tant que président de la République, parlant au nom de la France.

Le_portrait_officiel_de_MLe_pr_sident_cultiv__qui_a_redonn__le_go_t_de_la_lecture___ses_sujets__SarkozyNews

Le portrait officiel de Nicolas Sarkozy en tant que président de la République, très vite caricaturé et raillé, ici par le site politique et satirique Sarkozynews,  pour son inadéquation avec le comportement "pipolitique" du président lui-même...

C'est ce que semble mécomprendre radicalement Nicolas Sarkozy.

Nicolas_Sarkozy_et_Carla_BruniLe péché originel a donc été commis par le président de la République. Il ne s'agit non pas seulement de l'exposition aux sunlights de ses états d'âmes, mais de la violation à laquelle il a procédé ainsi de l'espace commun et public du peuple français. Le tout par l'intermédiaire, certes, de la société civile, de la presse et des nouveaux médias cybernétiques.

Il serait donc urgent que le journalisme politique français s'alarme, non pas tant de la violation -selon le mot deAlain_Duhamel Alain Duhamel- de la vie privée de Nicolas Sarkozy, que du viol perpétré par celui-ci de la sphère publique commune au peuple français. Celle-ci ne devrait-elle pas être protégée par la loi, comme l'est la sphère privée, des intrusions de la vie privée des responsables de l'Etat, mandatés par le peuple?

D_claration_des_droits_de_l_homme_et_du_citoyen_de_1789Le devoir de réserve, imposé à tous les fonctionnaires n'est pas respecté par le premier Constitution_1958d'entre eux, Nicolas Sarkozy, qui s'engage dans les campagnes électorales, municipales notamment, n'hésitant pas à se rendre au siège de l'UMP, dont il a pourtant quitté la présidence depuis son élection.

L'article 5 de la Constitution, qui prévoit que le président de la République en est le "garant", a été bafoué par lui tant sa pratique antidémocratique du pouvoir, au mépris de l'article 20, que dans ses discours antinomiques de l'article Ier, qui définit la la France comme une République "laïque", tenus en territoire étranger, au Vatican puis en Arabie Saoudite.

Devrait-on en venir à une loi pour protéger l'espace public? La question est ouverte dès lors que l'espace public n'est plus protégé malgré tous les garde-fous prévus par le général de Gaulle dans l'élaboration de la Ve République. Parce qu'il ne l'est plus par l'usage, ce dont témoigne l'impasse que font sur ce sujet les représentants de la presse politique française.

Quoi qu'il en soit, le débat sur la responsabilité de la pipolisation en France est en vérité tranché. C'est le dernier président de la République française qui a ouvert la boîte de Pandore du parasitage de la vie politique et sociale française par l'orchestration de sa vie privée, au mépris du peuple français:

  • le 17 octobre 2007, lors de la Journée mondiale du refus de la misère, il évoquait devant le Conseil économique et social, en période de grève annoncée, une "solitude poisseuse" et toute personnelle, faisant écho à ses propres déboires conjugaux et à son divorce annoncé

  • le 18 décembre, il autorisait, en tant que président de la République, les photographes de certains journaux bien choisis, à le photographier avec sa nouvelle compagne, Carla Bruni, au parc de loisirs de Eurodisney, accusant hypocritement par la suite, les médias de vouloir "médiatiser sa vie privée"

  • plus grave encore, le 8 janvier 2008, pendant les voeux présidentiels à la presse, depuis le palais de l'Elysée, il n'hésitait pas à annoncer l'imminence de son remariage avec Carla Bruni, par cette phrase fatale, "Avec Carla, c'est du sérieux". La solennité de l'exercice de la conférence de presse présidentielle, dont de Gaulle avait été le maître incontesté, se trouvait complètement parasité par cette annonce d'ordre privé.

Chapelle_du_Val_de_Gr_ceOn notera que la brève hospitalisation du président de la République au Val-de-Grâce, le 21 octobre 2007, fut étrangement tenue secrète, ce qui montre bien que Nicolas Sarkozy et son entourage ont tout à fait les moyens de protéger la vie privée du locataire de l'Elysée quand ils le veulent vraiment.

.

Si M. Sarkozy est la "victime" de la presse, le peuple français a été jusque là la victime de l'exhibitionnisme présidentiel. A chacun de mesurer ce qui est le plus grave.

_______

Il serait donc temps de remettre les pendules à l'heure. L'affaire grossière du SMS, qui pourrait conduire un journaliste en prison, ne révèle pas tant les "transgressions" de la vie privée du président par une presse immorale que l'effondrement, minutieusement commandé par Nicolas Sarkozy lui-même, du mur séparant sphère privée et sphère publique.

Si des rappels à l'ordre à l'encontre du Nouvel Observateur ont eu lieu, on n'a pas entendu de voix morale forte, issue des rangs de la presse politique, rappeler à l'ordre le président de la République lui-même, au nom de la sacralité de la "chose publique", commune à tous les citoyens français, bafoués dès les débuts de sa mandature.

Il est peu probable que Nicolas Sarkozy, qui ne voit que des "racines chrétiennes" à la France, comprenne un jour ces distinctions et ces concepts issus des véritables "sources" de notre civilisation républicaine et démocratique, à savoir la Grèce et la Rome antique, la Renaissance, les Lumières et la Révolution française. Peut-être l'arrivée à l'Elysée de nouveaux conseillers pourrait l'y aider, il faut l'espérer pour la France en tous cas.

Car l'ouverture de tels débats, qui devraient paraître ineptes si l'éthique politique n'avait pas été détruite par le sarkozysme, détourne les intelligences critiques et les oreilles du public des véritables mesures politiques impulsées par la présidence actuelle, concoctées par les conseillers-ministres et, éventuellement, le gouvernement:

  • rétention de sûreté (possibilité de prolonger à vie, sans jugement, la peine de certains condamnés)

  • arrestations continues de sans-papiers dans des conditions particulièrement inhumaines

  • modification en vue de la Constitution pour en dénaturer le contenu et battre en brèche la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 en y introduisant le concept de "race" -même si sous d'autres mots-

  • réduction drastique, et panique conséquente, de la fonction publique

  • remise en cause de la laïcité

  • remise en cause de la Sécurité sociale

  • adoption du traité de Lisbonne par voie parlementaire

  • inefficacité criante de la politique économique

  • réorientation de la politique étrangère de la France et envoi de toupes aux Emirats arabes unis, à Abu Dhabi, face à l'Iran etc.

Voilà les sujets sur lesquels Nicolas Sarkozy, mandaté par le peuple souverain, est sommé de s'exprimer, en tant que président de la République. Parce qu'il en va de la république, de la "chose publique" à laquelle il est soumis, comme tout un chacun.

______

Vous pouvez signer en ligne:

-la Pétition populaire pour l'égalité audiovisuelle:

 

http://www.egalite-audiovisuelle.fr/


Ségolène Royal (europe 1 partie 2)
envoyé par mel036. -

"Nicolas Sarkozy a choisi de faire des événements de sa vie privée des événements publics, comme Louis XIV, vous savez le petit matin du roi, le dîner du roi, le déjeuner du roi, le coucher du roi, les maîtresses du roi. [...] C'est un peu comme Lois XIV", a déjà tranché Ségolène Royal...

Publicité
Commentaires
Journal d'un ségoléniste ! Et autres petites histoires !
  • Pour garder un peu d'espoir à partager !La "démocratie jusqu'au bout" : pour une autre mondialisation et pour une économie au service des femmes et des hommes et de leurs territoires, seule réponse à la crise mondiale du capitalisme financiarisé !
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Publicité