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Journal d'un ségoléniste ! Et autres petites histoires !
8 septembre 2014

De la croissance à la "créa-sens" verte : Royal pour la social-écologie! La voiture électrique et une relance économique.

(Attention: ce billet date de 2010, le contexte français a déjà changé et Ségolène Royal est aujourd'hui numéro 3 du gouvernement traitant précisément du sujet développé ici!)

Sociaux-démocrates-libéraux et ultra-néo-libéraux partagent une même idée, pourtant périmée : celle que la croissance économique à tout prix résoudra tous les problèmes du monde...

Ainsi d'un Jospin estimant lorsqu'il était Premier ministre, alors que l'on changeait de millénaire, que la relance de la croissance économique entraînerait la création d'emplois et, comme par magie, résoudrait les questions hautement politiques de la cohésion nationale, du vivre-ensemble harmonieux, de l'insécurité etc.

Il n'en fut rien, on le sait... Ségolène Royal, prônant une révolution socialiste et donc, selon la formule de Jaurès, "la démocratie jusqu'au bout", renverse la vapeur ! C'est avec un Etat Préventif puissant, des services publics au plus près des citoyennes et citoyens, des habitants de France, des forces vives de la nation qu'il faudra inventer une croissance intelligente, ce que l'on pourrait appeler une "créa-sens" !

GILBERT RIST

"La critique du développement est plus que jamais d'actualité et elle doit s'exercer d'abord dans le champ de la théorie économique. [...]

Il existe [...] des pratiques sociales qui échappent à la théorie économique, laquelle prétend pourtant expliquer l'ensemble des comportements humains. [...]

Si l'idée du développement subsiste encore aujourd'hui, c'est parce qu'elle symbolise, pour certains, un idéal de justice et d'équité. Croyance respectable. Ceux qui la partagent encore, sans se rendre compte des dégâts qu'elle peut entraîner, devraient pourtant se rendre compte qu'elle n'a rien à voir avec la lutte contre la pauvreté aujourd'hui proposée."

 

Gilbert Rist, Le développement, Histoire d'une coyance occidentale, 1996

Gilbert Rist,

Le développement,

Histoire d'une croyance occidentale, éditions Sciences-Po, 1996, Paris

 

 

 

 

SEGOLENE ROYAL

"Je pense que le social et l'écologie peuvent sauver l'économie. Avec un nouveau rapport de forces à imposer. [...] La défiance, la méfiance, la non-reconnaissance des savoir-faire, l'achaïsme du management, le manque de transparence et donc l'incapacité à fédérer toutes les énergies pour anticiper, provoquent inefficacité économique, tensions et délocalisations sauvages. [...]

La gauche économique ou gestionnaire des années 90, elle, s'adapte à la profonde transformation de l'intervention de l'Etat dans l'économique et le social. Transformation qui signifie d'abord libéralisation, c'est-à-dire perte des outils de contrôle sur les prix et les salaires (hormis le SMIC), moindre efficacité des politiques keynésiennes dans une économie globalisée, crise profonde des finances publiques et sociales, sans parler bien sûr d'une politique monétaire décidée ailleurs [...].

Pour repenser [la croissance, les services publics et la protection sociale], il faut se mettre en tête que la lutte contre les inégalités se fait à la racine, avant même que les injustices ne verrouillent les destins. Cette idée d'un Etat préventif, qui intervient et investit prioritairement avant, plutôt qu'après, on peut la décliner dans bien des domaines."

 

si la gauche veut des idées

Ségolène Royal,

in Ségolène Royal, Alain Touraine,

Si la gauche veut des idées, éditions Grasset, 2008, Paris.

 

 

Tandis que le soir de l'élection présidentielle de 2007, le soir de la victoire de la nouvelle droite antirépublicaine de Nicolas Sarkozy et de la ploutocratie de Neuilly-sur-Seine, Dominique Strauss-Kahn se lamentait de ce que la "révolution sociale-démocrate" du socialisme français n'avait pas eu lieu (sic), tandis que Martine Aubry, en 2008, partageait l'idée d'une taxe carbone - une "écologie punitive" en fait - qui intervient après la production industrielle de voitures polluantes, imposée à tous sans disctinction de revenus, alors que Pierre Moscovici concocte encore aujourd'hui un programme "social-démocrate" pour le PS de 2012, Ségolène Royal a bien compris que tout cela n'était qu'archaïsme, vieille vision économiste de la société, compromission du socialisme avec le libéralisme...

Ségolène Royal, elle, prône une double révolution économique et politique avec une participation active aux décisions publiques d'un plus grand nombre de citoyens et l'érection d'une puissance publique forte mais préventive, agissant en amont sur les choix économiques nationaux, européens voire mondiaux.

Tandis que la vision sociale-démocrate-libérale pose qu'il faut seulement "réguler" l'économique et réparer ses dégâts humains et sociaux "après coup", le ségolénisme promeut une intervention préventive de l'Etat afin de remettre l'économie à sa juste place, au service de l'humain et non l'inverse.

Comme le dit Rist, dans Le développement, Une croyance occidentale :

"il s'agit de considérer d'abord les réalités Le_d_veloppement__Histoire_d_une_croyance_occidentale_de_Gilbert_Ristsociales au lieu de propager, notamment dans les universités, des théories - parfois vieilles de plus de deux siècles - qui ne les expliquent pas, ou qui, sous prétexte de la faire, les ramènent à des schémas qui les travestissent".

 

 

Renversement de la pensée économique...

La moralisation du capitalisme, Ségolène Royal s'en moquait et affirmait ne pas y croire dès 1995, rejetant même le slogan d'"entreprise citoyenne".

 

 

Deux exemples peuvent être cités, très concrètement, à l'appui de cette révolution démocratique de l'économie :

  • Ségolène Royal, dès l'annonce de l'invention de la taxe carbone, sous l'égide de M. Michel Rocard, voulue par Nicolas Sarkozy et applaudie par les Verts comme par Martine Aubry, condamna vivement ce nouvel impôt, évoquant une "écologie punitive".

Au lieu de "laisser-faire" la production massive de véhicules polluants pour en taxer sans disctinction les conducteurs après coup, Ségolène Royal en appelait au lancement, par un Etat préventif, stratège, anticipateur et accompagnateur voire préventif du tissu industriel et productif national, d'une politique de production de véhicules non polluants.

 

De 1992 comme ministre de l'Environnement de François Mitterrand...

 

 

 

 

 

... à la reconversion de l'usine Heuliez en société de production de voiture électrique, elle ne varia pas de discours.

 

 

 

Telle serait une déclinaison du passage de la croissance à la créa-sens, le passage d'une économie de court terme, financiarisée de surcroît, non contrôlée à une économie orientée dès le départ, par la puissance publique et citoyenne vers une production intelligente, prenant en compte l'après-pétrole, le souci de la survie de la planète Terre comme de la salubrité de ses territoires envahis par les voitures polluantes.

 

 

  • Le 27 novembre 2010, devant les Jeunes socialistes, Ségolène Royal a condamné l'inertie des gouvernements Sarkozy s'agissant de la lutte contre le sida mais aussi relativement à l'explosion des grossesses non désirées parmi les jeunes femmes, le tout dans un contexte de ruine des associations de prévention de Santé, du planning familial bien entendu. Ségolène Royal, dans ce climat de recul de l'Etat voulu par la droite sarkozyste, promeuvait le Pass' Contraception, inventé dans sa Région et repris par d'autres. Pass' permettant aux jeunes filles d'accéder à des examens de santé et des consultations gratuites relativement au dépistage de maladies, dont le sida, à des informations sur l'IVG et les moyens d'éviter une grossesse non désirée, aboutissant à des avortements malheureux ou à des catastrophes familiales couteuses à tous points de vue. Le tout à rebours de la privatisation de notre système de santé publique entamée avec les franchises médicales et la fermeture des hôpitaux...

Voici une seconde illustration de ce que pourrait être l'action, dans le domaine de la Santé, d'un Etat-préventif...

 

 

Révolution démocratique, étatique et économique, où chaque pôle reprend sa juste place, rupture avec la social-démocratie "périmée", dixit Ségolène Royal ou "contaminée" par le néolibéralisme selon Jacques Julliard...

Sur un sujet qui a conditionné les trois dernières défaites aux Présidentielles de la gauche, la sécurité, la paix civile, c'est évidemment un Etat-préventif fort, refusant l'emprisonnement illico presto, aggravé par les peines-planchers de Rachida Dati, des jeunes délinquants, s'attaquant à la racine de la spirale de l'hyper-violence et proposant des alternatives fermes à la prison, qui pourrait agir avec efficacité et humanité.

 

 

  

Bref, le progrès, la croissance de biens de consom-munication générateurs de violence qui tous deux avancent sous le masque de l'épanouissement, de la jouissance ou de la société du care, proposée par Martine Aubry, issue du marketing états-unien, doivent être repensés. La caricature qu'en a, avec son incroyable talent, créée le rappeur Sam Tach' est croustillante et à méditer, les paroles comme le clip vidéo en sont d'une profondeur rare !

___________________

Que la prise de conscience des dégâts humains, sociaux, de civilisation à tous les niveaux sur notre planète, de ce mythique "progrès" synonyme de "croissance économique" s'accélère !

Mais surtout qu'elle ne débouche pas sur d'aporétiques propositions comme la "décroissance" qui n'est que la face dialectique de ce qu'elle conteste. La croissance doit, en amont, comprendre le bien commun comme le souci de l'Environnement!

La "créa-sens", remettant l'économique à sa place, sous la République et la démocratie, tel est peut-être un enjeu de civilisation à enfin comprendre.

En 2012, au sein de la gauche et au sein du parti socialiste, chacun devra clarifier sa position sur ces thèmes. Ou bien tout continue comme avant, ou bien l'on ose rompre avec un archaïsme source d'un "désordre" par définition "injuste"...

Il ne faudra jamais oublier que Martine Aubry aura étouffé la proposition de Ségolène Royal de donner suite politique au mouvement populaire contre la destruction de la retraite par répartition, par un référendum d'initiative populaire. Décidant, en bonne vieille sociale-démocrate, que les syndicats, et surtout les manifestants, devaient lutter seuls... Sachant très bien que le très thatchérien Nicolas Sarkozy ne prendrait jamais en compte aucune manifestation...

A bon entendeur...

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Commentaires
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