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Journal d'un ségoléniste ! Et autres petites histoires !
21 avril 2016

RAMA YADE, NICOLAS SARKOZY ET LA "CAUSE DES NOIRS" : L"ARROSEUR ARROSE ? SEGOLENE ROYAL PRONE UNE FRANCE METISSEE MAIS UNIE !

NDLR : Le billet ci-dessous date de 2009. Depuis, Mme Yade s'est éloignée de M. Sarkozy et se positionne au centre, ni gauche-ni-droite. Elle est candidate déclarée à la Présidentielle de 2017 !

D'une culture libérale-libertaire-communautariste proche de celle du courant ayant dominé pendant les années Jospin le Parti socialiste, Rama Yade était spontanément sarko-compatible.

La_v_rit__d_une_femme_de_S_gol_ne_Royal

Elle s'était donc engagée en politique pour défendre les "Noirs"... Sauf que seul Nicolas Sarkozy était favorable à la discrimination raciale, à la reconnaissance de minorités raciales, jamais Ségolène Royal, ayant condamné depuis 1996 dans La vérité d'une femme, le communautarisme comme générateur de "conflits de proximité", lui préférant une lutte impitoyable contre toutes les discriminations négatives, seule garante de l'érection d'une "société fraternelle".

 

Mme Yade avait accusé, lors des municipales à Colombes, son adversaire politique socialiste de "racisme" à son égard, sans la moindre preuve. Ajourd'hui, nouvelle posture. Opportunisme, compréhension enfin des bienfaits de la lutte contre l'ethnicisation du politique? Laquelle, chez Nicolas Sarkozy fonctionne depuis toujours à double tranchant?

 

PIERRE-ANDRÉ TAGUIEFF

"En visant à légitimer l'emploi polémique du mot racisme hors des limites préconstituées par l'anthropologie raciale, on légitime par présupposition le découpage racial de l'humanité, on autorise la différenciation du genre humain en races présumées naturelles (origine) et scientifiquement distinctes (fait, fonctionnement)."

La_force_du_pr_jug__de_Pierre_Andr__TaguieffPierre-André Taguieff,

La force du préjugé,

essai sur le racisme et ses doubles

 

 

SEGOLENE ROYAL

"C'est [...] dès le mois de janvier 2007, lors d'un voyage aux Antilles, soit dès l'ouverture de la campagne présidentielle, que j'ai défendu l'idée d'une France métissée et qui se reconnaîtrait comme telle. Lors de mes multiples déplacements, j'ai répété que les jeunes de toutes origines n'étaient pas le problème, mais une grande partie de la solution. Nicolas Sarkozy, à l'inverse, a fait campagne, chacun s'en souvient, sur le thème de la peur et du rejet. A travers la proposition d'un ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale début mars 2007 jusqu'aux émeutes de la gare du Nord scandaleusement exploitées. [...]

Le 5 févrrier, dans l'émission A vous de juger, sur TF1, il évoqua les moutons que l'on égorge dans les baignoires, ce qui suscita la réaction indignée d'une jeune femme musulmane d'origine algérienne, présente sur le plateau [...] avec un objectif électoral précis - récupérer les électeurs du Font national.

La France métissée, comme aujourd'hui l'Amérique métissée de Barack Obama, a d'abord besoin de se reconnaître comme telle. Cette réalité n'est pas regardée en face et n'est pas reconnue. Son invisibilité économique, sociale et politique est le premier obstacle à lever, pour avancer. Car il y a bien des mécasnismes de stigmatisation et de relégation dans la société française, de discrimination négative et donc, de talents gaspillés.

[...]

Imaginer la France ne va plus de soi parce qu'elle s'elle s'est beaucoup transformée, pluralisée, diversifiée et colorée sans admettre encore ce qu'elle est advenue.

[...]

Nous devons faire converger les énergies, les talents, les potentiels. Il y en a beaucoup, énormément dans cette France qui ne demande qu'à repartir de l'avant."

Si_la_gauche_veut_des_id_es_de_S_gol_ne_Royal_et_Alain_TouraineSégolène Royal,

in Ségolène Royal et Alain Touraine,

Si la gauche veut des idées

 

 

 

SEGOLENE ROYAL

"Je n'ai jamais partagé [la] vision ethniciste de la discrimination positive [de Nicolas Sarkozy] à laquelle je préfère la ferme volonté d'une égalité républicaine non formelle mais réelle dans une France fière de sa diversité. Ce désaccord n'est pas artificiel car il renvoie à deux visions opposées du monde, de la nation et de sa cohésion sociale."

Ma_plus_belle_histoire_c_est_vous_de_S_gol_ne_RoyalSégolène Royal,

Ma plus belle histoire, c'est vous

 

 

 

Étonnante, Rama Yade...

Aujourd'hui, elle déclare qu'elle ne veut pas "être une parachutée ethnique", envoyée dans le Val-d'Oise, suite aux propos d'une élue UMP expliquant qu'elle y fera "couleur locale"...

Et pourtant, le 30 janvier 2008, elle expliquait lors du dîner du CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires), son engagement auprès de Nicolas Sarkozy pour la seule défense de la cause des Noirs : "ne serait-ce que par intérêt, y'a Ségolène Royal y'a Nicolas Sarkozy", "Sarkozy avait 50% de chances". [...] "Qu'est-ce qu'on fait [...] c'est fini pour les noirs" ; "pourquoi moi je suis rentrée dans le gouvernement", "parce je voulais pas avoir souffert pendant toute la campagne électorale et qu'après y'ait tout le monde y'a pas moi"...


Rama Yade
envoyé par Bondy_Blog. -

C'est que Rama Yade, non seulement se rangeait derrière le mieux placé, mais aussi derrière celui qui était favorable à l'adoption du modèle communautariste des États-Unis avec statistiques ethniques et discrimination raciale positive : Nicolas Sarkozy.

Ainsi l'auteur de Noirs de France, les nouveaux Neg’marrons, récit d’un rendez-vous manqué entre la République et les Afro-antillais déclarait sur Even.fr, en mai 2007 :

Noirs_de_France

"Il serait criminel de ne rien essayer sous prétexte que la discrimination positive, ce n’est pas dans la tradition républicaine" ou encore, "en réalité, il n’y a rien de plus républicain que la discrimination positive puisqu’on l’applique déjà aux personnes handicapées dans les entreprises et aux femmes pour les élections". 

 

Le problème c'est précisément que le modèle de la politique "ethnique" aux États-Unis ou ailleurs est celui qui veut qu'à électeurs noirs il y ait élus noirs, en instaurant des quotas par la loi.

 

Elle disait s'être engagée avant tout pour les "Noirs" mais refuse d'assumer cette position face au suffrage universel...

Pire encore, à Colombes, en campagne pour les élections municipales sur la liste de l'UMP, Mme Yade avait accusé, lors d'une réunion publique, la gauche d'être raciste.

Prétextant d'une ancienne polémique à Aubervilliers, sur les sans-papiers, elle avait subitement agoni la gauche, dont elle se disait autrefois proche, au risque de la diffamation - non seulement du candidat socialiste Philippe Sarre mais aussi de l'ensemble de la gauche française. Au risque aussi, compte tenu de la politique menée par le gouvernement de droite sarkozyste dont elle est membre, du plus profond ridicule:

"Cette gauche qui dit défendre les modestes, les minorités et les immigrés, c'est cette gauche [...] qui s'en prend à moi parce que je suis noire."

Reportage sur les propos de Mme Yade accusant M. Sarre, candidat socialiste à la mairie de Colombes, d'être raciste. Ce dernier réclamait des excuses publiques, qu'il n'obtiendra évidemment jamais, et a déposé plainte depuis pour diffamation.

Rama Yade d'enfoncer le clou le même jour en ajoutant que la gauche n'aimait pas que les noirs réussissent...

Sur quoi donc Mme Yade étayait-t-elle ses accusations? Sur un différend qui l'avait opposé avec la maire communisteAffiches_de_SOS_racisme d'Aubervilliers et qui n'avait absolument rien à voir avec la "couleur de sa peau"? Sur les politiques menées par la droite depuis 5 ans en France? Sur la présidence Chirac qui a duré quant à elle 12 ans? Sur la permanence des discriminations d'origine xénophobe, voire raciste? Mais en quoi celles-ci seraient-elles imputables à la gauche?

Mme Yade feignait de parler du racisme, mais elle mentait, une fois de plus.

Cette jeune femme qui se vantait, avec une grotesque arrogance, malgré toute l'étendue de son inculture et de son incompétence au ministère des Affaires étrangères, d'être la plus diplômée de tout le gouvernement, ferait bien d'aller en bibliothèque relire l'histoire de ce que l'on a appelé l'"antiracisme".

Logo_Ligue_des_Droits_de_l_HommeLogo_LICRALogo_MRAPLogo_SOS_racisme

La ligue des droits de l'homme était créée en 1898 en pleine Affaire Dreyfus; la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémtitisme apparaissait en 1927, pour lutter contre l'antisémitisme avant de mener, dans les années 30, le combat antifasciste; le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples apparaissait en 1949, proche du Parti communiste, et SOS racisme, proche du Parti socialiste, était fondé en 1984 pour lutter contre les discriminations subies par les enfants des dernières vagues d'immigration, africaine principalement.

Tract_du_MRAP_lors_du_congr_s_fondateur_en_1948Quoi qu'on en pense, ce mouvement est, depuis ses origines, représenté par des associations liées à la gauche historique, des républicains dreyfusards aux communistes et "anti-impérialistes". Leur credo fut certes philosophico-politique, participant nettement du recul des idées racistes ou des préjugés hérités des XIXe et premier XXe siècles. Mais leur point commun fut aussi leur volonté de lutter contre les entorses à l'égalité républicaine par le droit, et non par la violence.


malek oussekine
envoyé par aliwada. -

 

Dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, Malek Oussékine était frappé à mort par deux policiers de la brigade des voltigeurs motoportés à Paris, en marge des manifestations lycéennes et étudiantes contre la loi Devaquet du gouvernement RPR dirigé par Jacques Chirac. Le 8 décembre suivant, un million de personnes entamèrent une marche silencieuse à la mémoire de ce jeune Français d'origine algérienne, victime d'une "bavure" policière qui s'apparentait certainement à un "crime raciste", tant l'acharnement sur sa personne, alors qu'il était de santé très fragile, fut violent et gratuit.

Charles_Pasqua_et_Jacques_ChiracMme Yade semblait bien mal connaître l'histoire politique, même récente, de la France. Lorsque Jacques Chirac était Premier ministre de François Mitterrand, avec pour ministre de l'Intérieur Charles Pasqua, un million de Français avaient manifesté en silence leur indignation et leur tristesse face à la mise à mort, par deux policiers, d'un jeune Français d'origine algérienne, Malek Oussékine, souffrant de déficiences rénales et sous dialyse. Tout cela s'inscrivait dans un bras de fer entre les étudiants et le gouvernement de droite, à propos de la loi Devaquet sur les universités, finalement retirée.

La gauche, dans l'opposition, avait condamné fermement la politique policière brutale menée par Charles Robert_PandraudPasqua -un des modèles de M. Sarkozy -, lequel ne présenta jamais ses excuses à la famille du jeune Malek Oussékine. Robert Pandraud, ministre RPR délégué auprès du ministre de l'Intérieur chargé de la sécurité, déclara même à la presse:

"Si j'avais un enfant malade et sous dialyse, je ne le laisserai pas sortir la nuit"...

Fran_ois_Mitterrand_au_chapeauLe président de la République, le socialiste François Mitterrand, se rendit auprès de la famille pour lui faire part de ses condoléances.

Qui manifesta alors? Qui s'indigna à juste titre? Qui osa faire le lien entre l'origine magrhébine de la jeune victime et son tabassage à mort, sinon la gauche et en tête des cortèges, l'association SOS racisme, honnie par la droite?

Et si l'on pouvait parler de récupération politicienne, il y avait eu mort d'homme, crime gratuit commis par des policiers. Rien n'empêchait M. Charles Pasqua d'exprimer au minimum ses regrets, de comprendre la persistance des clichés racistes dans les rangs des forces de l'ordre et de prendre des mesures en conséquence. Il n'en fut rien, tel était le choix politique.

La_tombe_de_Malek_Oussekine

La tombe de Malek Oussékine, victime de la prégnance du racisme dans les rangs des forces de l'ordre et de l'indifférence de certains des plus hauts dirigeants du RPR à cette mort effroyable.

Que Mme Yade révise donc sa copie sur l'histoire de la gauche française. Laquelle n'a aucune leçon à recevoir d'une membre d'un gouvernement qui, sur les questions d'immigration et de modèle de société - tests ADN et statistiques raciales -, fait honte à nombre de républicains, de gauche mais aussi de droite.

CGT_d_fendant_des_travailleurs_sans_papiers

La CGT, syndicat, de gauche, et oui Mme Yade, manifestant pour la régularisation des sans-papiers exploités en toute illégalité par des entreprises capitalistes, ici une chaîne de restauration...

____________

 

Aujourd'hui choquée qu'on parle d'elle en termes ethniques, au sujet d'une élection, Rama Yade semble avoir changé de point de vue sur la question...

 

Le modèle qu'elle encensait, c'est peut-être pour les autres, mais pas pour elle... Et la République qui ne reconnaissait selon elle pas les races par "cécité" ne lui déplaît plus tant que ça...

 

C'est en fait cette République, trahie par une certaine gauche libertaire-libérale, qu'a toujoursMa_plus_belle_histoire_c_est_vous_de_S_gol_ne_Royal défendue, voulue réhabiliter pour enfin la réaliser, l'adversaire politique de Nicolas Sarkozy, la socialiste Ségolène Royal. Elle écrit à ce propos, dans Ma Plus belle histoire d'amour, fin 2007 :

 

"Je veux une France de l'égalité de traitement, où la justice n'est pas à géométrie variable. Je veux une République du respect où les lois sont toutes les mêmes pour tous et s'appliquent à tous (...).

 

[...]

 

La France présidente, c'est la France qui sait que tout se tient : [...] la bataille pour le droit au logement, le soutien aux familles fragilisées, la fin des exlusions scolaires et des discriminations qui font injure à la République.

 

[...]

 

Je ne confonds pas la nation avec le nationalisme et cela m'a permis d'ailleurs d'appeler les Français à comprendre la nation telle qu'elle était devenue, d'avoir le courage de se regarder tels qu'ils sont, en se disant que c'est une chance, cette diversité, cette France colorée - j'ai même parlé de France métissée."

 

Tandis que Nicolas Sarkozy aura passé sa carrière de ministre à racialiser ou à ethniciser les problèmes sociaux et sociétaux, dans un sens xénophobe puis dans un autre, Ségolène Royal aura eu le courage politique, de mettre sur le devant de la scène la réalité des discriminations raciales et xénophobes, pour, tâche bien plus dure, les resocialiser et mieux les combattre.

 

L'enjeu est de taille... L'éclatement identitaire et le rejet d'un côté, l'unité dans la pluralité fraternelle de l'autre.

 

Rama Yade, clarifiez donc un tant soit peu vos idées...

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Commentaires
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