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Journal d'un ségoléniste ! Et autres petites histoires !
3 juin 2009

RETOUR SUR LA VICTOIRE DE LA DROITE ANTIREPUBLICAINE SARKOZYSTE ET LA RESPONSABILITE DE LA GAUCHE JOSPINIENNE 2

A quoi correspond donc la nette victoire de M. Sarkozy ?

Du point de vue de l’histoire politique classique, nous avons vu précédemment que, durant sa campagne, le nouveau Président de la République avait procédé, au moins par ses discours, à une forme de synthèse, non seulement des trois droites, "orléaniste", "bonapartiste" et "égitimiste", listées par René Rémond, mais aussi au captage des suffrages correspondant à une droite extrême - post-Vichy, post-Algérie française -, jusque là exclue du "cercle républicain"et cantonnée à suivre des leaders comme Le Pen, Mégret ou Villiers, au risque de droitiser radicalement son discours, mais aussi son programme.

Mais si, d’un point de vue politique, le président Sarkozy et son gouvernement pourront prendre des mesures radicales, plus ou moins proches des thèses de l’extrême droite, la gauche de retour au pouvoir pourra à son tour revenir dessus – lois sur l’immigration, l’identité nationale, la délinquance des mineurs etc. Il n’en sera certainement pas de même dans le domaine économique et social

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Tandis que la gauche française, et d’abord le parti socialiste, hésitaient à faire référence à l’expérience du travailliste anglais Tony Blair, M. Sarkozy développa des thèmes ultra-libéraux largement empruntés à l’expérience britannique conservatrice de Margaret Thatcher, sans oser s’y référer explicitement.

 

Ainsi dès 1997, le blairisme était devenu l'alpha et l'omega de la non-pensée socialiste française... Les privatisations engagées sous le gouvernement Jospin par Dominique Strauss-Kahn est révélatrice.

 

La liste de ces privatisations partielles ou non, ouvertures de capital ou plus, est longue :

  • Air France

  • Autoroutes du Sud

  • Créditl Lyonnais

  • France Télécom

  • GAN

  • Eramet

  • Aérospatial/EADS

  • CIC

  • CNP

  • Thomsom Multimédia

On notera d'ailleurs le nombre élevé des banques, plus tard responsables d'une crise sans précédent... Et sauvées aux frais du contribuable...

 

On n'oubliera pas non plus la préface louangeuse de Martine Aubry à la traduction française du livre de Tony Blair : LaUn_digne_h_ritier_de_Keith_Dixon Nouvelle Grande-Bretagne, Vers une société de Partenaires où, comme le rappelle Keith Dixon, dans Un digne héritier, "elle décrit la stratégie de Blair comme le pari de la gauche gagnante"... Sans même voir qu'elle parle de la stratégie de l'héritier autoproclamé de Margaret Thatcher !

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Les Mémoires de cette dernière sont à cet égard très intéressantes, on y trouvera directement ou non maintes et maintes convergences avec le projet de l’ancien maire de Neuilly-sur-Seine.

 

 

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Le rêve de nombreux libéraux: une révolution thatchérienne pour la France!

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II. D’un point de vue économico-social, assisterons-nous à une refonte inédite et nécessaire de l’Etat-Providence, consacré par le Préambule de la Constitution de la IVe République, ou à sa liquidation par l’adaptation du pays aux canons ultra libéraux de la globalization ?

 

En deux mots, va-t-on assister à la fin, tant attendue par les dits « libéraux », de l’« exception française » ?

 

En termes polémiques, à la transformation de la « Grande nation politique » en une « nation de boutiquiers » comme une autre ?

 

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L'Avare, une des pièces de théâtre les plus populaires de France!

  

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Au-delà du maquillage gaullien de ses discours, dont on sait qu’il fut un outil de campagne électoral dénué de toute réelle conviction, M. Sarkozy a développé des thématiques et prononcé des discours nettement ultra libéraux et néoconservateurs, assis sur une vision du monde aux antipodes du gaullisme – qu’il soit de droite ou de gauche.

Si nous avons vu que l’ancien maire de Neuilly-sur-Seine avait rallié les héritiers du «bonapartisme», en attirant à lui les chiraquiens, il n’en demeure pas moins que c’est le legs de l’«orléanisme» - à travers Balladur -, sur le plan économique, qui prime chez lui. 

L’«ouverture» de son premier gouvernement à des centristes et des socialistes n’est sans doute qu’une preuve supplémentaire de la ferme volonté présidentielle de faire triompher plus facilement, et dans la pratique, l’idéologie ultralibérale, en s’étant prémuni à l’avance de toute accusation de sectarisme.

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  1. Une morale post-victorienne et néoconservatrice :

               livre_thatcher                     Sarkozy_livre

 

A lire d'urgence : Les Mémoires de Thatcher et "La République, les religions, l'espérance" de Sarkozy

 

 

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Le primat de l’économie dans la pensée ultra libérale est bien connu.

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Mais tout dirigeant politique se fait aussi une idée du monde, de l’histoire, de la civilisation, de la culture, de la société, de la famille et des individus ou encore de concepts aussi vagues que la Justice ou la Liberté.

 

De ce côté-ci, M. Sarkozy est clairement à ranger du côté de Thatcher et des néoconservateurs.

 

Il a en effet insisté sur les racines chrétiennes de l’Europe et a cru bon d'expliquer, dans son livre La République, les religions, l’espérance, que la religion était supérieure à la République puisque la religion seule pouvait donner une morale, la République étant incapable de distinguer le Bien du Mal !

Fi de l’héritage gréco-latin, des fondamentaux de la civilisation politique européenne que constituaient Athènes et Rome, fi évidemment de toutes les références à l’Antiquité marquant les grands événements européens, dont, bien sûr, la Révolution française et l’Empire.

 

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Grand escalier du Palais de Justice de Paris, de style Empire, inspiré de la Rome antique

 

Le mépris affichépar Margaret Thatcher, lors du Bicentenaire de la Révolution française, pour 1789, est d'ailleurs en train de tranquillement triompher dans les cercles universitaires et au-delà.

 

Pour elle, les droits de l’homme ne devaient être rattachés qu’à la religion, et à aucune autre tradition laïque ou proprement politique, jetant aux orties les conceptions grecques ou romaines de la citoyenneté :

« “Les droits de l’homme n’ont pas commencé avec la Révolution française. […] [ils] trouvent leur origine dans le judaïsme et le christianisme […].“Liberté, égalité, fraternité”, je crois qu’on a oublié les devoirs et obligations dans cette devise ».

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L'équipe du Président Bush en prière avant une réunion, curieux mélange du "religieux" et du politique...

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L’opposition stigmatisante de M. Sarkozy entre "ceux qui se lèvent tôt", les travailleurs d’une part et les  "assistés", qui vivent aux frais des autres, relève elle aussi de la morale prônée par Thatcher, qu’elle-même liait à la tradition "victorienne", en contradiction absolue, d’une part avec la pensée chrétienne laïcisée avec la Révolution française, d’autre par avec l’Etat-Providence pensé et bâti pendant et après la Seconde Guerre mondiale :

 

« Les Victoriens avaient déjà formulé ce que nous redécouvrons aujourd’hui : ils distinguaient entre pauvres “méritants” et “indignes”. Il faut aider les deux groupes, mais l’aide doit être de nature différente si l’on ne veut pas que les dépenses publiques ne servent qu’à renforcer la culture de la dépendance. Notre Etat-providence nous avait fait, peut-être inévitablement, oublier ce distinguo et nous versions la même “aide” à ceux qui rencontraient effectivement des difficultés et avaient besoin d’un coup de pouce pour s’en sortir et à ceux qui avaient tout simplement perdu la volonté ou l’habitude de travailler et de prendre soin d’eux-mêmes».

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A cette nouvelle "morale" correspond bien entendu l’exclusion du pacte politique des plus faibles, des citoyens inaptes à travailler ou à subvenir à leurs besoins, à l’exclusion des exclus eux-mêmes. La sous-traitance du social à des associations cultuelles ou non, scelle et justifie l’abandon par l’Etat des exclus de l’économie néo-capitaliste :

 

 

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La charité des riches au sortir de l'Eglise, un grand classique revisité aujourd'hui par le compassionnel....

  

« Nous visions une nouvelle éthique pour la politique de l’aide sociale : rompre la dépendance vis-à-vis de l’Etat et encourager l’autonomie, utiliser au mieux les ressources des organisations bénévoles comme l’Armée du Salut et, chose controversée, débloquer des aides immédiates pour inciter à un comportement honnête et responsable».

 

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2. Le travail sans droit du travail

 

La mythologie ultralibérale du travail, son apologie de la liberté et de l’individualisme – dont le slogan "travailler plus pour gagner plus" de M. Sarkozy est la caricature la plus grossière - masquent souvent l’évolution réelle du capitalisme, dont on sait qu’il est de plus en plus financier, de plus en plus fondé sur le capital, toujours au détriment du travail et, par-dessus tout, de la qualité du travail.

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Images de mineurs, dont Thatcher affrontera les multiples grèves

 

Pour ces raisons, démanteler l’Etat-Providence, "déréguler", rogner sur le droit en général et sur le droit du travail en particulier sont des impératifs catégoriques de la pensée ultra libéraleen général et de la pensée thatchérienne en particulier.

 

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La Marianne d'un petit village, symbole dépassé de la République, de la protection des faibles et du respect des lois?

 

Les syndicats et tous les collectifs de lutte sociale furent donc combattus à mort par Thatcher, et le seront par M. Sarkozy.

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La volonté de séparer le travail des luttes politiques pour le relier au seul marché, de consacrer la quantité du travail exigée par celui-ci –toujours illimitée- au détriment de sa qualité –toujours acquise par des limites établies par l’Etat ou les luttes sociales- avait été le projet le plus cher de Mme Thatcher :

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« Je n’ai jamais cessé de croire que le niveau du chômage devait être lié à l’étendue du pouvoir syndical. Les syndicats avaient fait perdre leur travail à beaucoup de leurs membres en demandant des salaires excessifs pour une production insuffisante, ce qui avait rendu les marchandises britanniques non compétitives ». 

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Délégitimer les syndicats est le préalable du passage au nouveau capitalisme, lequel se fonde sur la croissance Margaret_Thatcherautomatique de la production au sein du marché, même si celle-ci doit passer par une précarisation voire une élimination du travail.

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La facilitation des licenciements fut donc au cœur de la loi sur l’emploi concoctée par Thatcher en 1982, le marché étant toujours privilégié sur la vie humaine et les besoins des travailleurs et de leurs familles :

 

« A l’avenir, les employeurs pourraient licencier les participants à une grève ou à tout autre conflit social, sans courir le risque que le licenciement soit déclaré inéquitable, pourvu que tous ceux qui prendraient part à la grève soient licenciés ». 

  

THATCHER_mineurs
Vidéo envoyée par Jules_Michelet

Thatcher et les mineurs, ou la victoire de la logique économique sur les luttes sociales

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Instrumenter la démocratie représentative universelle, grâce aux médias et aux sondages qui fabriquent la  "nouvelle opinion publique", pour décrédibiliser les formes de luttes collectives sociales partielles, fut également une des grandes audaces de Thatcher - même si elle était facilitée par l’affrontement Est-Ouest de la fin de la guerre froide, qui permettait d’identifier démocratie libre à marché capitaliste et de dénoncer les syndicats d’inspiration marxiste comme des suppôts du totalitarisme soviétique.  


Repeat after Margaret
envoyé par ultrahumandignity. - Regardez plus de vidéo vie pratique.

Dans un premier temps, il s’agit évidemment d'opposer les travailleurs, en leur donnant un droit de vote universel préalable au déclenchement d’une grève, aux syndicats, privés de leur légitimité idéologique, historique et culturelle.

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D’où ces propos de M. Sarkozy :

 

« A celui qui est contre la grève obligatoire imposée par une minorité, je propose la démocratie par l'organisation obligatoire d'un vote à bulletin secret dans les huit jours qui suivront tout déclenchement d'un mouvement social ».

tenus à Agen le 22 juin 2006.

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Cette technique, qui risque de contrer le droit individuel et constitutionnel à faire grève, est tout simplement l’introduction des mesures thatchériennes en France :

 

« Dans les “services essentiels”, l’introduction du vote de la grève aiderait nettement à réduire les risques.» 

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Gr_ve_de_1995

 

Opposer les usagers des transports publics aux grévistes: un enjeu crucial pour les ultra libéraux !

Point fort de la campagne menée par les conservateurs britanniques, imposer le vote de tous les travailleurs avant toute grève 

« A partir de notre document préparatoire sur la démocratie syndicale, nous promettions des lois qui exigeraient un scrutin pour la désignation des organes dirigeants des syndicats, et un vote avant les grèves». 

Faire du travail l’alpha et l’omega de toute vie humaine, privilégier la quantité de travail sur la qualité au travail et enfin rendre de plus en plus difficile toute interruption du cycle de travail, de production et de consommation de l’ensemble de la société grâce à l’arme du droit de vote: toutes ces évolutions marquaient certes le déclin de la culture marxiste et du socialisme, tant dénoncés par Mme Thatcher, mais aussi, en liminaire, couronnaient également un recul de l’Etat et des principes constitutionnels face à l’opinion médiatique et sondagière – nouvelle forme de populisme-, un reflux de la dignité du droit et de la culture démocratique des luttes sociales.

L'une des plus graves faillites du jospinisme, de Lionel Jospin lui-même, avait été, en 2002, malgré l'apparition criante d'un nouveau prolétariat dont la caissière, déjà discriminée comme travailleuse, de tout miser sur les "classes moyennes" et de s'abstenir de tout discours en faveur du prolétariat, des ouvriers - ce que Pierre Mauroy lui reporcha amèrement - et surtout du nouveau prolétariat produit par le néocapitalisme consumériste et financiarisé.

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Ségolène Royal, elle, aura eu le courage de s'adresser à eux, de retourner dans les usines, dans les supermarchés délaissés par une gauche parisienne déphasée et socialement aveugle...

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Segolene - Champion - Caissiere - Fatcat
envoyé par segolene-royal. - L'actualité du moment en vidéo.

 

 

D’où une conception très spécifique de l’Etat, instillée par la pensée ultra libérale depuis des années et introduite aujourd’hui par M. Sarkozy.

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3. L’Etat au service de l’économie

 

Un point commun aux théories ultralibérales et à l’idéologie soviétique de l’Etat est à trouver dans leur conviction centrale que l’Etat n’est là qu’au service du travail et des besoins du travail, de la production et de la consommation.

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Même si dans un cas l’un est réduit à peau de chagrin alors que dans l’autre il devient omniprésent et omnipotent, il n’en reste pas moins que la vocation politique et civique de l’Etat est toujours déniée.

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Dans une société où l’on ne fait que travailler et produire, l’Etat devient vite superflu. Ce point d’accord caché explique peut-être la haine viscérale, la passion négative des ultra libéraux pour l’U.R.S.S., attirance-répulsion étant les deux médailles d’une même attitude irrationnelle.

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russe

 

Le culte du travailleur en U.R.S.S. aurait-il inspiré le slogan de l'ancien maire de Neuilly-sur-Seine: "Travailler plus etc."?

 

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En assurant vouloir ne pas renouveler un fonctionnaire sur deux, M. Sarkozy propose aux Français d’avoir un Etat réduit, dont on fragiliserait les missions proprement politiques et civiques, telles

  • l’Education

  • la Justice

  • dont la justice sociale et le droit du travail qui lui correspond

  • les missions relevant de la civilisation, telles la Santé ou la Culture – il s’agissait au départ, pour M. Sarkozy, de supprimer le ministère de la Culture.

Thatcher déjà était pionnière en la matière.

 

L’Etatn’étant, pour la Dame de Fer, qu’un moindre mal, il s'gissait, dans tous les domaines, de «dénoncer la confusion entre société et Etat-providence ».

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En matière d’emploi, seul le marché est roi :

  

« Dans une économie de marché, l’Etat ne sait pas –et ne peut pas savoir- d’où viendront les emplois : s’il le savait, toutes ces politiques interventionnistes pour “faire gagner les gagneurs” et “soutenir le succès” n’auraient pas entraîné tant de perdants et aggravé l’échec ». 

Thatcher interprétait donc sa victoire sur les syndicats et sur la grève comme une mise au service réussie des lois du pays et de l’Etat au service des lois de l’économie de marché :

« Notre détermination à résister à la grève incita les syndiqués ordinaires à oser tenir tête aux activistes. Ce que cette défaite établit fut qu’il n’était plus question de laisser la gauche fasciste faire de la Grande-Bretagne un pays ingouvernable. Les marxistes avaient voulu remettre en cause la loi du pays dans le but de remettre en cause les lois de l’économie. Ils échouèrent et démontrèrent ce faisant combien l’économie libre et la société libre dépendaient l’une de l’autre. C’est une leçon que personne ne devrait oublier.»

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bourse

 

Le règne sans entraves de la logique financière: la Bourse

 Leçon que, sans aucun doute, aura bien retenue l’ancien maire de Neuilly-sur-Seine.

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L’inspiration thatchérienne des discours du candidat Sarkozy est donc très inquiétante, d’autant plus qu’elle s’est parée des oripeaux du gaullisme et même de citations des grands hommes de gauche, tel Jaurès ou Blum.

L’ouverture gouvernementale du président Sarkozy est peut-être aussi redoutable car elle permettrait, si elle survivait aux élections législatives, de parer aux critiques de l’opposition de gauche.

Mais ce qu’il faut voir par-delà la fragmentation des discours de campagne, c’est la progression inouïe en France des idéaux simplistes et populistes du néolibéralisme anglo-saxon :  

  • nouvelle morale néo conservatrice pseudo religieuse
  • culpabilisation des "improductifs" et compassion envers les "pauvres"
  • glorification du travail pour le travail
  • individualisme triomphateur
  • identification du pays à une entreprise, à une boutique à "bien gérer"


LE LAPSUS DE RACHIDA
envoyé par skidoo. - L'info video en direct.

 

Pendant la campagne, l'une des porte-paroles de M. Sarkozy nous fournit un beau lapsus à propos de M. Sarkozy: "Il souhaite devenir le patron de tous les Français"... Et oui, si la France n'est plus qu'une boutique, son Président sera logiquement son patron...Belle vision du politique!

  • condamnation morale de l’Etat et des institutions de la démocratie sociale
  • recul généralisé des et du droit.

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Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, la droite s’affiche ostensiblement comme libérale et promeut des idées ultralibérales. D’où l’importance de la thématique de la "rupture" formulée par M. Sarkozy, d’autant plus radicale qu’elle serait "tranquille".  

Car il s’agit d’une rupture à plusieurs égards, par rapport :

  • au gaullisme
  • à l’Etat-Providence et aux solidarités qu’il avait instituées -dont la Sécurité sociale mise en place en 1945
  • à une conception forte de l’Etat héritée de la monarchie et consolidée par la République
  • à l’esprit des différentes Déclarations des droits de l’homme et du citoyen
  • à la culture de la manifestation démocratique héritée de la Révolution française

 

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L'obtention des congés payés, un acquis du Front populaire!

  • à la Constitution de 1958 – s’agissant notamment du droit de grève.

A tous ces points de vue, la "synthèse" d’un néo-gaullisme –séguiniste-, marquant les discours, avec un libéralisme mis en pratique peut ressembler effectivement à une rupture nette avec la conception même de notre République.

Car il est évident que les transformations économico-sociales prendront le pas, transformant effectivement les rapports sociaux, sur n’importe quelle faconde formelle sur de Gaulle ou Jaurès.

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La question demeure ouverte de savoir si le premier quinquennat de M. Sarkozy marquera ou non une révolution néolibérale de l’ampleur de celle qu’a connue l’Angleterre de Mme Thatcher.

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Mais il serait bon au moins que la droite, les centristes comme les socialistes, et tous les républicains de gauche, prennent au sérieux les indices précis – domaine par domaine - d’une telle volonté, en balayant les pieux discours rédigés par les conseillers professionnels de l’ancien maire de Neuilly-sur-Seine.

Car la conjoncture mondiale n’est plus du tout celle du Royaume-Uni des années 1980. L’U.R.S.S. n’existe plus et la globalization a épousé les canons de la pensée ultra libérale.  

Il s’agit donc de voir si la République française est prête à se normaliser à ce mouvement mondial en payant le prix d’y perdre sa propre identité et de laisser sur le chemin nombre de ses citoyens ou si la notion d’"exception française" peut encore avoir un sens critique vis-à-vis d’une conception totale du monde comme une entreprise et de l’homme comme un travailleur-consommateur, et rien de plus.

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centre_commercial

 

Le rêve sarkozien: transformer le monde en centre commercial et le citoyen en consommateur...

 

S’adapter à la mondialisation, en relever les défis sans perdre son identité tout en étant capable de conserver une distance critique à son égard et d’y apporter une touche singulière, telle serait l’approche moderne d’une France qui n’abandonne pas la solidarité pour l’égoïsme, qui ne sacrifie pas la culture et le beau au marché, qui forme des citoyens et non des seuls consommateurs.

 

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Si l’ordre de la globalizationest bien injuste et bien la "France de la rupture" devrait être en capacité de proposer de rompre effectivement avec cette injustice, et d'orienter l'Europe dans ce sens !

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Il est pourtant tentant, au vu de la lecture de la campagne de M. Sarkozy, de constater l’incroyable conformisme idéologique de la France qu’il voudrait préparer, selon un programme thatchérien vieux de plus de 20 ans

 

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à suivre...

 

retrouver ce média sur www.ina.fr

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Commentaires
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