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Journal d'un ségoléniste ! Et autres petites histoires !
3 juin 2009

RETOUR SUR LA VICTOIRE DE LA DROITE ANTIREPUBLICAINE SARKOZYSTE ET LA RESPONSABILITE DE LA GAUCHE JOSPINIENNE

La victoire du maire UMP de Neuilly-sur-Seine à l'élection présidentielle du 6 mai 2007, avec plus de 53% des voix, mais aussi l'élévation à 31,18% de son score du 1er tour peuvent donner cours à de multiples réflexions sur l'évolution de la droite française.

_____

S_gol_ne_RoyalL'explication de la nouvelle défaite électorale de la gauche ne peut pas être imputée qu'à la campagne menée par la candidate du Parti socialiste français et de ses alliés.

D'autant plus que le meurtre politique de Ségolène Royal était en fait, dans le dos des Français et des électeurs de gauche, à l'agenda de Lionel Jospin et des dits "éléphants"...

 

Lequel Jospin n'était pas parvenu à hisser la gauche au second tour de la présidentielle de 2002, évincé par Jean-Marie Le Pen.


Ciao yoyo
envoyé par plopblog. - Regardez les dernières vidéos d'actu.

La gauche bien sûr devra relever de multiples défis internes, partisans, culturels, "idéologiques" :

  • clarifier et assumer sa critique du libéralisme et diffuser une critique du néo-capitalisme, de ses ravages sociaux et culturels

  • rompre avec le mythe d'un centre social-démocrate pour assumer enfin un socialisme offensif capable même d'embrasser le centre pour mieux l'annexer


Le séisme des présidentielles 2002
envoyé par cimbomparis. - Regardez les dernières vidéos d'actu.

  • répondre enfin de façon humaniste et républicaine à la montée en puissance de l'hyper-violence dans l'ensemble de la société de masse de consom-munication

 

  • réaffirmer enfin le rôle d'un Etat modernisé, d'une puissance publique respectée et aidant les classes populaires comme le nouveau prolétariat


Jospin: "L'Etat ne peut pas tout"
envoyé par RichardTrois. - L'actualité du moment en vidéo.

  • proposer une autre mondialisation et ne plus jamais abandonner à leur sort les ouvriers licenciés

  • comprendre enfin les nouveaux piliers de la croissance économique que peuvent être par exemple l'écologie, l'énergie verte ou le développement durable 

  • renouer enfin avec des principes républicains assumés, plus que jamais d'actualité etc.

 

Tout ce que la gauche de gouvernement a refusé de faire, d'abord au parti socialiste, depuis 2002, la défaite de Lionel Jospin, puis sous l'autorité de François Hollande...

Le droit d'inventaire sur les années Jospin, malgré tous ses points positifs, notamment en matière sociale, est nécessaire en ce que les principes républicains y furent hautement fragilisés :

  • la démission de Jean-Pierre Chevènement puis sa candidature en 2002 furent honnêtes puisque Jospin souhaitait faire de la Corse un quasi-territoire d'Outre-mer, projet des "pseudo-nationalistes", but des régionalistes identitaires repris par Sarkozy mais refusé par une énorme majorité de nos compatriotes corses

 

  • les atermoiements jospiniens sur le foulard et l'incompréhension de la fragilisation de la laïcité par la montée en puissance de "l'islam politique" de combat, qui n'a rien à voir avec l'islam

 

 

  • l'abandon des ouvriers sans solution imaginative de reconversion industrielle nationale dénoncé par Mauroy, le primat donné à l'économique sur le politique

  • le manque de combativité et de différenciation politiques face à Chirac

 

  • ... et le recours à des attaques personnelles qu'il reprendra contre Ségolène Royal elle-même

 

  • la désastreuse campagne de 2002 où le socialisme ne fut plus revendiqué mais nié en ces mots devenus cultes : "mon programme n'est pas socialiste" : c'est tout cela qu'il fallait réviser.

Et ce dès le lendemain de la défaite... Au lieu de tenir le peuple dans le mythe d'une gauche qui avait échoué pour des raisons purement conjoncturelles. D'ailleurs le vide intellectuel sidéral régnant au PS trouvera son expression la plus ridicule dans la réaction, quelque peu déplacée et très opportuniste, d'un Dominique Strauss-Kahn osant cet oxymore : la gauche a perdu parce qu'elle n'a pas suivi l'oeuvre de "rénovation sociale-démocrate" que "je voulais impulser" (sic). Propos d'un ignorant de l'échec européenn des social-démocraties comme de leur dérive ultralibérale, devenus intolérables pour les électorats traditionnellement de gauche sur le Vieux Continent... Sans parler du fait que la France étant une République sociale, elle n'adopta pour ainsi dire jamais de fonctionnement social-démocrate !


Réaction DSK victoire Sarkozy 1
envoyé par aklineuropa. - L'actualité du moment en vidéo.

Ni Lionel Jospin ni François Hollande, après 2002, ne s'attelèrent à comprendre comment le Parti socialiste, sous leurs mandatures respectives, avait pu à ce point s'éloigner des couches populaires, laisser monter en puissance le Front national et provoquer une telle suscpicion dans l'électorat. Lionel Jospin, prompt dès avant la mort de François Mitterrand, à dresser le droit d'inventaire des 2 septennats de ce dernier, ce que Ségolène Royal n'admit jamais, ne dressa jamais le sien. 

Alors que les socialistes de profession déboulonnaient leur "tonton", celui qui, qu'on le veuille ou non, leur avaient fait découvrir les arcanes du pouvoir sous la Ve République, Nicolas Sarkozy tombait en pâmoison communictionnelle, tout en étant franchement tout sauf gaulliste, devant la statue du Général de Gaulle, s'assurant une large audience dans la population française...

Du coup, après tant d'années d'immobilisme et d'amertue, d'auto-critique sans refondation, il se pourrait bien que l'audace économique, institutionnelle et mêmeJacques_Chirac intellectuelle du pacte présidentiel de la candidate socialiste - contrastant avec le retard idéologique du PS - soit arrivée trop tôt, apparaissant comme trop complexe et déphasée avec les attentes d'un pays qui vit encore, même illusoirement, sur un contrat civique - la République - et un statu quo économico-social - l'Etat-Providence - qu'a prétendu incarner M. Chirac malgré un sentiment de crise indépassable Statu quo étrange auquel seule une rupture "violente" pourrait mettre un terme.

La difficulté des élites socialistes à comprendre les nouveautés apportées par leur candidate - de l'investissement dans les nouveaux réseaux cybernétiques, de la démocratie participative,...


5100 debats participatifs en France
envoyé par segolene-royal. - Regardez les dernières vidéos d'actu.


Les "reconstructeurs" 01.06.2008 - Sympa Martine Aubry !
envoyé par daniel-c. - Regardez les dernières vidéos d'actu.

... de la nécessité de lier sécurité et question sociale, d'anticiper la désoccidentalisation du monde et le nouveau rôle de l'Europe, de renouer avec les pays émergents et en premier lieu l'Afrique, de donner un sens nouveau à la notion de travail, de reconnaître le rôle crucial de tous les types de famille dans l'éducation et la société, le métissage de la population française, la question de la laïcité -,...


Ségolene, la laïcité et les femmes
envoyé par larnaut. - Regardez les dernières vidéos d'actu.

... leur égocentrisme, leur jalousie et leur neurasthénie virant au mentisme durant ces années Jospin de "fainéantise tranquille" : tout cela ne pouvait que hautement fragiliser la gauche en 2007.

A cet égard, le renvoi systématique par les sicaires de Nicolas Sarkozy, caricatural mais implacable, de la gauche dans l'"archaïsme" et la prétention, non moins grotesque, de la nouvelle droite au "modernisme" sont éloquents.

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Jean_Marie_Le_Pen

 

 

Le paradoxe est que M. Sarkozy a réussi, en prônant la rupture avec l'ère Chirac, à renvoyer dos à dos la droite et la gauche dans le caniveau du passéisme.

.

 

L'apport énorme, en termes électoraux, que supposent l'union, dès le 1er tour, de toute la droite républicaine et au-delà s'agissant des votants :

  • des libéraux

  • des pseudo-gaullistes de gauche comme de droite

  • des centristes de droite

  • le ralliement des chiraquiens comme le silence des gaullistes dits "historiques"

  • enfin l'ouverture à l'extrême-droite - prônée depuis des années par Charles Pasqua -, ont fait de M. Sarkozy un adversaire de fait imbattable par une gauche encore divisée, désordonnée et en perpétuel doute sur elle-même et sa candidate.

 

Sarkozy : France, Aime-la ou quitte-la!
Vidéo envoyée par leruisseau

 M. Sarkozy aura repris pendant sa campagne le fameux slogan de Jean-Marie Le Pen: "Aimez la France ou quittez-la", trahissant sur un ton badin extrêmement populiste la tradition chiraquienne de condamnation du Front national, banalisant aussi un discours aberrant qui remettrait en cause le droit du sol lui-même!

Sarko aime pas certains moutons,il préfére les siens
Vidéo envoyée par ubu_roi

De même aura-t-il repris tel quel le discours colonial raciste, islamophobe sur nos compatriotes de confession musulmane, dans le plus pur style lepénien...

Sarkozy greift Deutschland an
Vidéo envoyée par rachelmini

Et le candidat Sarkozy de réactiver les sentiments germanophobes d'une partie de la population, quitte à insulter, dans l'indifférence médiatique française, nos amis allemands...

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Pour l'heure, il faut donc comprendre que la campagne victorieuse du maire de Neuilly-sur-Seine a certainement rencontré des mouvements tectoniques, jusqu'ici déniés par nos élites, bouleversant la société française et marquant la "demande politique" de beaucoup de Français, à divers niveaux.

Alors à quoi correspond donc cette victoire nette de M. Sarkozy?

I. Historiquement, à la synthèse des droites, de "toutes les droites" et de l'extrême-droite ou à la rupture avec "la droite républicaine" d'après-guerre?

 

Jacques_Chirac_et_Nicolas_SarkozySoutenant_Balladur_en_1995Avec_Madelin_en_1999_pour_europ_ennes

De Chirac à Balladur, de Balladur à Madelin: "Ensemble, tout devient possible"

sarkozy_affiche

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II. D'un point de vue économico-social, à la refonte franco-française d'un Etat-Providence quasi-constitutionnalisé par les IVe et Ve Républiques ou à l'adaptation du pays à un modèle, perçu comme anglo-saxon et encore dominant, avec l'adoption "décomplexée" des canons ultra libéraux de la globalization?

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III. D'un point de vue gramscien enfin, à la reconquête intellectuelle de la droite nationaliste et de l'"Ordre moral" -"républicanisés"- sur les décombres d'un libéralisme et d'un libertarisme injustement imputés à la seule gauche ou à l'indexation tardive au mouvement plus large de remise en cause du relativisme culturel et moral dont les parangons seraient les néo-consevateurs états-uniens?

Même si elle paraît déphasée, liminaire ou archaïque, la question de la culture républicaine, ébranlée de toutes parts, demeure posée.

Attachons-nous ici à la première question, touchant plus particulièrement à l'histoire politique de la droite.

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I. M. Sarkozy aurait donc réussi, nous dirent les ténors de l'UMP au soir de sa victoire, l'exploit de réconcilier au moins deux des trois droites définies par René Rémond :

  • l'"orléaniste", libérale et parlementaire, dont l'antigaullisme de l'entourage d'un VGE et l'ultralibéralisme d'un Madelin ou l'européisme libéral d'un Balladur seraient les lointains avatars

  • la "bonapartiste", autoritaire et étatiste, centrée autour d'un chef, plébiscitaire voire populiste, dont le gaullisme étatiste et référendaire serait une des actualisations.

Furent moins mis en avant les clins d'oeil aux vestiges de la droite "légitimiste", antirévolutionnaire, réactionnaire et pseudo-religieuse, dans laquelle les électeurs d'un Villiers et certains de Le Pen se reconnaissaient certainement.

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René Rémond, auteur de "La Droite en France, de 1815 à nos jours"

La première difficulté vient de ce que M. Sarkozy semble mettre en avant dans son programme les aspects les plus libéraux d'un "orléanisme", réinterprété à l'aune de l'expérience thatchérienne, au risque de revenir sur les avancées sociales ayant marqué les XIXe et XXe siècles.

Le deuxième problème surgit dès lors que son "bonapartisme" se manifeste par des pressions régulières sur le contre-pouvoir que devrait constituer la presse, par ses mises en cause graves, en tant que ministre de l'Intérieur, de la Justice, au risque de mépriser l'indépendance de celle-ci et le principe de la séparation des pouvoirs et, enfin, par un populisme langagier inouï, servi par des médias de masse intimidés.

 

thatcher

 

 

censure

Thatcher, muse cachée du "sarkozysme"?

 

Troisième questionnement.

La droite de filiation plus ou moins "légitimiste" a traditionnellement contesté les principes de la Révolution française actés par la République :

  • Droits de l'homme et du citoyen

  • l'égalité des citoyens face la loi

  • l'universalité sur le territoire  des droits sociaux dont bénéficie constitutionnellement les étrangers en France
  • loi de la séparation des Eglises et de l'Etat

  • place de la religion dans la morale publique

  • rôle de la femme dans la société -le "retour au foyer" étant une de ses thématiques classiques

  • contrôle des moeurs et refus des émancipations récentes -lutte contre le droit à l'avortement

  • refus de l'union des personnes de même sexe et bien entendu du mariage des homosexuels, etc.

Coeur_chouan

 

 

 

"Coeur-Chouan", symbole des Chouans vendéens, antirévolutionnaires farouches.

 

 

Si l'on peut se réjouir du captage sarkozien des électeurs d'une telle sensibilité, on peut légitimement s'inquiéter du fait que, depuis plusieurs années, le maire de Neuilly s'est revendiqué haut et fort de cette même sensibilité et de certaines de ses thématiques : .

- remise en cause de la laïcité

- refus du relativisme culturel

- promotion des racines chrétiennes de la France et de l'Europe

- rejet en bloc de "mai 68"

- interrogations - d'ailleurs condamnées par l'Eglise- sur la prédestination génétique des suicidaires et des pédophiles.

Philippe_De_Villiers_4

Philippe de Villiers, dernier représentant vendéen des "ultras"?

Enfin, peu de commentateurs l'ont souligné, la victoire idéologique des thématiques lepéniennes est frappante dans les propos et même le programme de M. Sarkozy.

Si l'on a pu entendre que ce dernier avait embrassé le Front national "pour mieux l'étouffer", il n'en demeure pas moins que la suspicion, au moins rhétorique, jetée sur les "immigrés subis", sur les "musulmans égorgeant le mouton dans leur appartement et pratiquant l'excision", la création d'un "ministère de l'immigration et de l'identité nationale", (sic), l'affection affichée pour les anciens de l'Algérie française et enfin les propos condamnant la "repentance" engagée par M. Chirac s'agissant de Vichy et de l'esclavage : tous ces éléments tendent à faire penser que M. Sarkozy se rattache aussi à une "quatrième droite".

Cette "droite révolutionnaire" dont René Rémond n'avait pas assez parlé selon Zeev Sternhell. Celle qui inspiraLa_droite_r_volutionnaire_de_Zeev_Sternhell notamment le régime de Vichy - lequel enterra la République pour fonder "l'Etat français" -, ses nostalgiques et ses avatars.

D'où la satisfaction des derniers tenants d'une droite "extrême" traditionnellement exclue du "cercle républicain":

  • post-Vichy

  • post "Algérie française"

  • nostalgiques de l'Empire

  • chrétiens politiques

  • anciens d'Occident et autre Cercle de l'Horloge...

Petainpropagande

"Travail, famille, patrie", devise de l'Etat français ou régime de Vichy

Il y a pourtant loin de capter des électeurs à embrasser des thématiques électorales et à les intégrer dans un programme présidentiel républicain. 

Un_mouton_dans_la_baignoire

"Un mouton dans la baignoire", titre du livre de l'ancien ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances, narrant les harcèlements et menaces qu'il aurait subi de la part de son collègue ministre de l'Intérieur, M. Sarkozy. Titre évoquant les clichés coloniaux utilisés par ce dernier lors de la campagne présidentielle.

______

Pour ces quatre raisons au moins, il faudra vérifier "par la preuve" s'il s'est agi pour le candidat Sarkozy d'une stratégie électorale admirable de "synthèse des quatre droites" ou d'une rupture de la droite, désormais présidentielle, avec des fondamentaux de la République.

Interrogation qui suppose que la vie politique ne saurait être dominée par les seuls coups et considérations électoralistes, mais aussi par des principes forts et un socle commun minimum - si possible républicain.

Face à cette fusion dans l'UMP ou derrière son candidat Sarkozy, dont la montée en puissance sera parachevée par l'arrimage des voix de Jean-Marie Le Pen, le Parti socialiste demeurait tel que lors du Congrès de Rennes. Où des courants, jugés comme devenus factices par l'iconoclaste Royal faisaient leur loi, sans se soucier de l'intérêt du peuple et des classes populaires. La désunion faisant les échecs...

 

 

Ce qui avait, dès 1995, poussé la future candidate de toute la gauche à une fracassante démission de la présidence du Conseil national de ce vieux parti.

 

Depuis le retrait des affaires du parti de François Mitterrand, il n'y a plus de chef, plus de ligne politique claire en dehors d'un alignement idéologique sur les miasmes d'une social-démocratie européenne déjà en berne ou d'un blairisme dont c'est plutôt un Jacques Chirac qui s'inspirerait.

L'individualisme et le manque de discipline auront été fatals à la candidate Ségolène Royal. Le comportement pitoyable d'une, alors obscure mais désormais très portée sur les médias, adjointe au maire de Paris, celui des sbires dont Michèle Saban, la première fanatique de Dominique Strauss-Kahn, allant jusqu'à faire diffuser des vidéos volées, aura refleté cette décripitude et cet enfermement d'un parti devenu oligarchique prisonnier de ses "courants".

  

 

à suivre... 

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Commentaires
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