SARKOZY A MALTE SUR LE TOURNAGE DES "BRONZES A L'ELYSEE"
"Le fric c'est chic": bienvenue dans l'ère de la "politique-paillette" de M. Sarkozy, voilà la rupture...
GEORGES POMPIDOU
"Quand on veut faire de la politique,
il ne faut pas avoir de château, sauf
s'il est dans la famille depuis Louis XV,
et encore..."
Georges Pompidou,
d'acheter un château bientôt
rénové aux frais de l'Etat, en 1969.
La dignité de la fonction présidentielle vient de prendre un nouveau coup. Si certains doutaient encore de l'inculture et du peu de cas que fait M. Sarkozy des symboles, il leur suffit désormais d'ouvrir les yeux.
La personne du président doit être connue des Français, comme le maire de Neuilly-sur-Seine n'a cessé de le marteler durant sa campagne, il est donc intéressant de prendre acte des goûts et du "style" de M. Sarkozy.
En 1969 déjà, Pompidou mettait en garde le jeune Chirac sur ses rapports à l'argent et sur la nécessité pour un serviteur de l'Etat de ne pas afficher ostensiblement ses "goûts de luxe". M. Sarkozy semble ne pas avoir retenu la leçon.
Alors que l'on s'attendait à une retraite "ascétique" -selon ses propres mots-, M. Sarkozy a choisi de montrer aux Français l'image d'un nabab quittant le pays dans un jet privé et se retirant dans le yacht d'un ami millionnaire, pour se préparer à endosser l'"habit présidentiel".
M. Sarkozy "recueilli" à Malte avant sa prise de fonction présidentielle sur le yacht de son ami millionnaire M. Bolloré, en mai 2007
Le problème est qu'une fois élu, M. Sarkozy n'est plus le mandataire des seuls habitants aisés de Neuilly-sur-Seine mais le serviteur de "tous les Français", et notamment des plus faibles, qu'il n'a cessé d'encenser durant sa campagne.
Il n'est pas le souverain, il est le mandataire du peuple souverain, dont il est censé devenir le plus haut représentant, le mandataire en France et à travers le monde. Ses actes, ses paroles et son comportement ne lui appartiennent plus entièrement, il seront scrutés et devront être irréprochables.
Etre Président, c'est "faire don de sa personne". Et peut-être avant tout accepter de rompre avec les habitus d'un avocat et ami des hommes d'affaires, et accepter qu'en France l'argent et la politique n'ont jamais vraiment fait bon ménage.
Si la représentation symbolique compte encore pour quelque chose dans ce pays, M. Sarkozy donne au peuple l'image de la vulgarité des "nouveaux riches", d'un "people" ami de la "jet-set", absolument antinomique du comportement exemplaire qu'attendent nos compatriotes du premier serviteur des Français.
L'indéfectible ami et soutien de M. Sarkozy, héros du chef-d'oeuvre cinématographique: "les Bronzés"
On ne se recueille pas dans un yacht de luxe, M. Sarkozy. On médite devant un beau paysage, dans un monastère, au mont Sinaï, à Waterloo, sur un site antique en Italie ou en Grèce, berceaux de notre civilisation républicaine, ou encore à la simple vue d'un "champ de blé baigné par le soleil" (Mitterrand).
A la beauté du politique, du service impartial de l'Etat, de la République et du peuple uni et divers, pluriel mais solidaire, s'opposent la laideur et la vulgarité des signes extérieurs d'une richessse clinquante réservée à une micro-élite mondialisée, la misère culturelle des masses élevées dans le culte individualiste de la consommation et, plus encore, le malheur de l'exclusion et de la pauvreté.
A la noblesse du coeur s'opposent l'appât du gain et l'étalage de l'argent.
Connaissez-vous le Veau d'Or, vous qui avez tant souligné l'importance des religions?
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A moins que tout cela ne soit qu'une farce, et que vous soyez en fait à Malte pour tourner, avec votre ami Christian Clavier, le dernier épisode de ce monument de culture cinématographique qu'est la série des Bronzés, épisode sobrement intitulé :
"Les Bronzés à l'Elysée".