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Journal d'un ségoléniste ! Et autres petites histoires !
7 avril 2009

LES ELEMENTS TOTALITAIRES DU SARKOZYSME : L'OIGNON COMME IMAGE DU POUVOIR TOTAL 2.2

Ce mode de gouvernement enclenché est toujours en place aujourd'hui, et ce sur tous les sujets. Les conseillers du Président, tel le très médiatique Henri Guaino - n'hésitant pas à s'exhiber avec sa famille dans Paris-Match -, ou encore le Secrétaire général de l'Elysée, outrepassant ses fonctions administratives, Claude Guéant, s'amusant à annoncer des projets de loi, voire à contredire au nom du Président, les ministres pourtant seuls responsables devant la représentation élue.

Henri Guaino, tancé par un député socialiste sur son comportement antidémocratique, théorisait pour se défendre, la fausse idée selon laquelle sa liberté d'expression serait la même que celle de tout citoyen, mélangeant son statut professionnel et ses droits civiques...

L’avocat de Sarko : réponse à Pierre Moscovici
Vidéo envoyée par Marianne2fr

La confusion des autorités, propre, selon Arendt, aux régimes totalitaires, le pouvoir réel dévolu aux "autorités secrètes" - que sont précisément les conseillers nommés et non élus - sont donc devenus, dans l'indifférence générale, des modes de gouvernement "légitimes" sous Nicolas Sarkozy...

En Une du Monde, le 28 février 2009, le conflit entre le "gouvernement de façade" et les "autorités secrètes", entre la couche apparente de l'oignon et le noyau du pouvoir, fut enfin mentionné.

Un ministre de gémir : "Il faut reconstituer un gouvernement, un vrai [gouvernant donc effectivement et en assumant la responsabilité, et non de façade], et placer un écran entre le président et les événements". Grave exhortation, témoignant de la dérive du pouvoir présidentiel.

Le grand quotidien du soir de décrire le conflit entre les sources d'autorité : "M. Sarkozy malmène ses ministres, les fait recadrer par Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée : la ministre des finances, Christine Lagarde, en a fait les frais à l'automne 2007, puis ce fut le tour, fin 2008, de la secrétaire d'Etat aux droits de l'homme, Rama Yade"...

En fait Le Monde pointait là l'impotence de "la prétendue représentation publique", pour reprendre les termes de Arendt, supplantée par l'autorité secrète mais médiatisée de conseillers nommés par le "Prince", démocratiquement irresponsables.

Mais le problème est très profond, le Président étant lui-même, bien que très puissant, irresponsable politiquement...

Les ministres, dans ce montage, sont réduits à "pelure d'oignon", le noyau du pouvoir réel étant préempté par le palais de l'Elysée.

UN PRESIDENT OMNI-IMPOTENT MAIS IRRESPONSABLE, UN CHEF AU-DESSUS DES LOIS

"En définitive, c'est le Führer qui donne toutes les impulsions, même s'il laisse agir ses lieutenants, et a finalament raison. [...] Le Fürhrerprinzip tient en peu de mots : "Le Chef a toujours raison"".

Le_Troisi_me_Reich_de_Fran_ois_Georges_DreyfusFrançois-Georges Dreyfus,

Le Troisième Reich

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Emmanuelle Mignon, conseillère récemment limogée de Nicolas Sarkozy nous avait prévenus... Plume et cervelle de la Emmanuelle_Mignoncampagne victorieuse de ce dernier, Mme Mignon résumait ainsi le politique : "la politique, ce sont des idées, un homme politique, c'est un homme qui a une vision, un idéal" (sic). Foin de la démocratie, du collectif, du débat d'idées : la vieille idée hégélienne du "grand homme" ressurgissait ici dans toute sa pauvreté politique justement.

Car s'agissant du sarkozysme, comme courant "idéologique", il ne s'agissait ni plus ni moins que de l'incorporation forcée par le Chef, l'échéance présidentielle approchant, de tous les courants de feue la droite républicaine.

L'oignon les réduirait peu à peu à n'être plus que, de temps à autre, des opposants de l'intérieur de cette nouvelle droite totale, avalant jusqu'aux principes fondateurs de la République qu'elle devrait servir...

Le sarkozysme?

"C'est une synthèse, nous dit-elle, toujours en un langage hégélien inquiétant, entre les différents courants de la droite, qui nous débarrasse, enfin je l'espère, des vieilles querelles entre les centristes, les gaullistes, les libéraux, les souverainistes etc.".

Emmanuelle Mignon aurait pu ajouter les nationalistes et les xénophobes du Front national.

Quoi qu'il en soit, il ne s'agit ni plus ni moins que de l'écrasement des idées politiques sous la botte du Chef infaillible. L'absence de pensée politique était, pensait Hannah Arendt, une des clefs de la compréhension de "la banalité du mal"...

Dans notre société postmoderne, la confusion des idées, des principes politiques conduit évidemment à leur anéantissement, tant à gauche qu'à droite...

On aurait pu croire que cette vision ne vaudrait que pour la conquête du pouvoir. Or, le sarkozysme ainsi défini, bon an mal pour la France, survivra tel quel à son arrivée à l'Elysée...

L'infaillibilité du candidat devenant omni-impotence du Président... Peut-on présider seul une république démocratique? Nicolas Sarkozy pense que c'est possible...

Ainsi de la réécriture ex post facto de la Constitution pour l'adapter au comportement présidentiel, des violantions multiples du texte lui-même ou encore de la nomination du président de l'audiovisuel public par le Président lui-même, et ce avant même qu'une loi n'entérine rétroactivement - principe traditionnellement prohibé - cette volonté orale...

Réintroduction furtive du Fürhrerprinzip ou de la conception hitlérienne de la loi : "la loi est ce qui est bon pour les Allemands" (sic)...

Manifestation des salariés de l'audiovisuel public à Paris
Vidéo envoyée par rue89

Dans le cadre de notre société de masse de consom-munication, les médias sont devenus une nouvelle arène pipolitique, aux conséquences politiques décisives.

L'omniprésence du Président "total" - politicien, privé, intime - dans cet espace sociétal public sera donc une stratégie délibérée de Nicolas Sarkozy, en connivence avec certains journalistes affidés.

Il sera donc procédé à l'étalement de sa vie privée et à la violation de l'espace démocratique et politique de la République.

Nicolas Sarkozy s'exprime au sujet d'un potentiel mariage
Vidéo envoyée par NIPSEN

Le tout permettant d'occuper "les masses" - face apparente de l'oignon - tandis que les réformes antirépublicaines et antisociales s'accumulaient et commençaient à détruire l'unité républicaine comme la cohésion sociale - noyau caché du pouvoir réel.

Autre manifestation de l'omnipotence et de la solitude du Chef, noyau de l'oignon : l'annonce le 26 mars 2008, en territoire étranger, devant le Parlement antidémocratique de Grande-Bretagne de l'engagement de troupes françaises supplémentaires dans le front de la guerre en Afghanistan.

Le Parlement français apprendra la nouvelle par la presse, le peuple également...

Sarko est très dangereux
Vidéo envoyée par Rive-gauche

Violation de toute la tradition républicaine et de tous les échelons hiérarchiques de la République démocratique... Mésinterprétation outrancière du statut de "chef des armées" du président de la République.

Là encore, il apparaissait que la diplomatie française et les ministères compétents, le Parlement ne sont plus que de façade, sur un sujet aussi gravissime que la guerre...

_________

Contrairement à la stratégie politique affichée, Nicolas Sarkozy, en campagne puis président de la République, n'a jamais procédé à la synthèse des droites mais à l'arrivée au pouvoir d'une nouvelle droite anti-républicaine. Cela est patent sur quasiment tous les sujets centraux et tous les fondamentaux qui faisaient le régime posé par notre Constitution.

Sous couvert d'un discours patriotique ou nationaliste de façade, Nicolas Sarkozy a constamment desservi les intérêts du pays à l'étranger, insultant l'Allemagne, l'Afrique, le monde musulman; méprisant l'Europe.

Servant les intérêts de la papauté. Engageant le pays dans un suivisme diplomatique et guerrier bushiste, réintégrant sans réelle contrepartie le commandement intégré de l'OTAN...

A ce titre, on ne saurait le comparer à Louis XIV ou à tout autre monarque absolu, auxquels s'imposaient les lois fondamentales du royaume, dont la préservation du royaume ou son extension, son inaliénabilité.

Or Nicolas Sarkozy, nous l'avons vu, s'approprie tout en les piétinant les symboles, les fonctions et la réalité d'une République dont il n'est pourtant que le serviteur temporaire. Les violations multiples de la loi fondamentale démocratiquement établie en 1958, la Constitution, démontrent les limites de la comparaison.

De même les prétendues affinités avec Napoléon Bonaparte sont nulles et non avenues tant le droit était crucial pour celui qui légua à l'Europe, un modèle d'administration de l'Etat, le code civil ainsi qu'un retour au droit romain, patriote convaincu puis impérialiste.

De même des liens incestueux de Nicolas Sarkozy avec le grand patronat, évoquant tant l'instrumentalisation hitlérienne des grands industriels allemands que l'étatisation soviétique du champ économique, sont loin de la culture anglophobe napoléonienne, loin de la culture gaullienne également...

D'autre part, le contexte de la société de masse de consom-munication, favorisant l'atomisation des individus, l'isolement des plus riches et la déréliction des plus pauvres est inédit bien que pressenti dans la genèse des régimes totalitaires - quoi qu'en disent les historiens n'ayant pas vécu la période.

Comme l'avait pressenti Hannah Arendt, il est tout à fait possible "qu'en l'absence de toute terreur" apparente, le totalitarisme renaisse. Moult éléments devraient alerter les observateurs de la politique française...

Enfin, la volonté de "changer l'homme", ou du moins le Français, quitte à embaucher des psychiatres, à préconiser une "politique de civilisation", à gendarmer la culture, à réviser notre histoire ou encore à contrôler les médias de masse de communication, cette ambition est archétypique du régime totalitaire, et non pas ni de la monarchie, ni de l'empire, ni de la tyrannie.

Raymond Aron à ce propos citait cet exemple : "J'ai connu un Français qui avait été retenu prisonnier en Corée du Nord pendant quelques années et qui avait passé par l'épreuve de la rééeucation". Et si la France était devenue une prison, cybernétique, notamment?

Faire du citoyen un entrepreneur-travailleur-consommateur, à l'image de son "Président-PDG", comme le préconisait la Commission Attali, en est l'illustration la plus frappante.

Quelle résistance opposer à un tel rouleau compresseur, alors qu'il est encore sous-estimé et que la comédie de la démocratie suit son cours? La vigilance républicaine, comme l'ont souhaitée Dominique de Villepin, Ségolène Royal et François Bayrou? Croire encore en la surivance d'une culture républicaine? En un retour à l'humanisme?

Attendre des émeutes populaires, telles que celles qui ont embrasé la Grèce?

Seul l'avenir nous le dira...

En attendant, il serait temps d'éplucher l'oignon empoisonné - dont les dernières peaux sont la réforme Balladur des collectivités locales ou encore la proposition de Yazig Sabeg d'introduire des statistiques raciales -, éplucher l'oignon avant que de le gober jusqu'à en étouffer mortellement...

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