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Journal d'un ségoléniste ! Et autres petites histoires !
26 août 2008

NICOLAS SARKOZY FUSILLE LE PREMIER MINISTRE ET ABOLIT L'ETAT IMPARTIAL CHERS A MITERRAND ET ROYAL...

La réforme institutionnelle voulue et promue par l'ancien maire de Neuilly-sur-Seine, votée au Congrès grâce à la voix de trop du socialiste Jack Lang, abolit donc de fait la fonction de Premier ministre et, avec elle, celle de président de la République. Au-delà des marchandages avec les partis politiques et de la pseudo-revalorisation du Parlement, c'est surtout à une grave confusion entre les missions de chef du gouvernement et de Président que nous assistons.

La magistrature suprême est une nouvelle fois abaissée au rang de gouvernant voire de chef d'une majorité politique, dans le plus profond mépris de l'élection au suffrage universel direct.

Pourtant, cette institution de Premier ministre a une histoire, que l'inculte Nicolas Sarkozy méconnaît évidemment. Celle-ci date au moins clairement de Richelieu, lequel souhaitait que la communauté politique, le royaume, fût incarné par un chef d'Etat, le roi, au-dessus des aléas de la vie politique quotidienne et notamment de la guerre civile perpétuelle.

Comme il en allait pour le ministre de Louis XIII de la stabilité du royaume, le président de la République imaginé par le général de Gaulle, "au-dessus des partis", ne gouvernant pas mais présidant, incarnait la continuité de la souveraineté populaire, seule origine et transcendance d'un régime républicain mais aussi démocratique, dans lequel le peuple seul demeure in fine souverain. Aujourd'hui, le Président gouverne, comme un simple ministre. Et Nicolas Sarkozy se voit donc bien incapable d'incarner l'autorité transcendante d'une République désormais déboussolée... Peut-être aura-t-il encore plus de pouvoir et d'influence qu'il n'en a déjà, mais l'autorité de la fonction présidentielle en sort gravement affaiblie.

RICHELIEU

"Il est certain encore qu'il se trouve peu de princes

qui puissent seuls gouverner leurs Etats et, de plus,

il y en aurait beaucoup, ils ne devraient pas agir ainsi."

[...]

"L'intérêt du Prince l'oblige à [user d'un ministre suprérieur]

puisqu'il n'y a point d'homme qui puisse servir utilement

le public sans s'attirer la haine et l'envie de tout le monde."

Richelieu_de_Philippe_ErlangerRichelieu,

Testament politique

cité par Philippe Erlanger in Richelieu

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I. UNE REFORME CONSTITUTIONNELLE POUR UN OMNI-PRESIDENT INCOMPETENT

La réforme des institutions voulue par Nicolas Sarkozy a donc été votée au Congrès avec une voix d'avance, celle de M. Jack Lang, socialiste postmoderne et membre de la commission Balladur censée l'avoir inspiré.

Contrairement au surcroît de démocratie parlementaire annoncé par le parti présidentiel, l'UMP, il se trouve que comme l'avait indiqué le constitutionnaliste Dominique Rousseau à Libération, le 15 juillet 2008, cette déformation de la Constitution de la Ve République consiste d'abord en une chose: "renforcer le pouvoir présidentiel" et octroyer "un pouvoir supplémentaire pour le parti du Président".

Le_portrait_officiel_de_MEn effet, au final, "la poudre aux yeux" que constituent la constitutionnalisation de la parité -déjà inscrite dans la loi-, de la pluralité -qui est l'essence même de la démocratie et du politique-, de la limitation à deux du mandat présidentiel -qui fait partie de la tradition républicaine-, des miettes de limitation du pouvoir présidentiel -que la sagesse devrait seule commander-, de la prise en compte de l'opposition -qui de toute façon est assassinée quotidiennement du fait de la "mainminse du clan Sarkozy" - selon l'expression de Ségolène Royal - sur la médiacratie et la télécratie; tout cela ne change rien au fait que si l'instabilité est promise au Parlement, les pouvoirs du Président se voient renforcés.

Les pouvoirs certes, mais en aucun cas l'autorité, déjà mise à mal par la pratique délétère et l'affaissement continu de la fonction présidentielle pratiqués par Nicolas Sarkozy depuis son élection.

Le_pr_sident_Val_ry_Giscard_d_Estaing_et_son_Premier_ministre_Jacques_ChiracRésumons donc: dans notre République aujourd'hui détruite, uneLe_pr_sident_Fran_ois_Mitterrand_et_son_Premier_ministre__Jacques_Chirac dyarchie avait été organisée au sommet de l'exécutif: d'une part le Président garantissait l'incarnation du peuple souverain, la continuité de la tradition républicaine et la stabilité des institutions; d'autre part, le Premier ministre, nommé par lui,  mais responsable avec son gouvernement devant le Parlement, gérait les affaires courantes et, dérive, était devenu le "chef de la majorité" présidentielle à l'Assemblée nationale.

Le Président représentait la France dans le monde, demeurait "au-dessus des partis" et des intérêts privés tandis que le Premier ministre s'investissait personnellement dans la vie électorale et politique quotidiennes. Evidemment, Nicolas Sarkozy n'a de cesse de ridiculiser la France aux yeux du monde, de satisfaire les intérêts privés de ses amis patrons et de se comporter en président ad vitam aeternum de l'UMP.

Depuis l'élection de l'ancien maire de Neuilly-sur-Seine, les articles de la Constitution organisant le duo exécutif ont été continuellement bafoués, dans la pratique, par le Président mais aussi par François Fillon, son Premier ministre.

 

La confusion des fonctions et le mépris pour le droit sont deux "qualités" communes au Président Sarkozy et à son premier ministre François Fillon. Tandis que le premier traite le second de "collaborateur", le second ose se dire être "à la tête de l'Etat"...

Quelques exemples suffiront à prouver que Nicolas Sarkozy a violé l'article 5 de la Constitution qui stipule que "Le Président de la République veille au respect de la Constitution [et] assure par son arbitrage le fonctionnement régulier des pouvoirs publics":

 

II. POURQUOI UN PREMIER MINISTRE? POUR QUE LE CHEF DE L'ETAT SERVE D'ABORD LE "PUBLIC"

Comment assurer la continuité de la République tout en y faisant vivre une démocratie politique et sociale faite de conflits idéologiques et d'intérêts contradictoires parfois violents.

Couronne_de_CharlemagneCette question s'inscrit en réalité dans l'histoire longue de la France. Comment bâtir un Etat monarchique au-dessus des clans seigneuriaux et des féodalités, des Grands puis des parlementaires, des intérêts catholiques et protestants, des étrangers présents à la Cour par le simple fait que les rois épousaient des princesses européennes? Comment finalement assoir l'incarnation sacrée de la monarchie par la personne du roi comme autorité suprême? Garantir à la fois l'unité du royaume, sa continuité et le prémunir de tout éclatement en imposant la paix civile? Telle fut d'abord la question.

Assassinat_de_Concini

Le 24 avril 1617, Concini, favori de la Reine-Mère est fait assassiné par Louis XIII. Son enrichissement personnel aux frais de la monarchie, son influence politique néfaste aux intérêts de la Couronne le conduisirent à la mort, au nom de la Raison d'Etat naissante.

Bien avant ce qu'on appelle la monarchie absolue façon Louis XIV, Richelieu, par sa culture mais aussi peut-être parRichelieu ambition, décida de placer au-dessus de toutes les affaires courantes, des "basses besognes", la personne et la fonction royales.

D'où l'invention d'un "ministre supérieur" - lui bien entendu -, ancêtre d'un Premier ministre qui laisserait au Président la magistrature suprême, la grande politique comme la garantie de l'unité du pays et de la continuité de l'Etat.

Richelieu, dans son Testament politique, écrivait donc:

"Il est certain que les Etats les plus heureux sont ceux où les princes et les conseillers sont les plus sages. Il est certain encore qu'il se trouve peu de princes qui puissent seuls gouverner leurs Etats et, de plus, quand il y en aurait beaucoup, ils ne devraient pas en user ainsi. La toute-puissance de Dieu, son infine sagesse et sa providence n'empêchent pas qu'il ne se serve, en ce qu'il pourrait faire par son seul pouvoir, du ministère des causes secondes."

Richelieu d'insister sur le rôle d'assistance au roi dévolu au ministériat. Le "ministre supérieur" peut lorgner la boussole politique du moment tandis que le roi doit pouvoir toujours voir loin, au service du peuple:

"On peut dire hardiment que, si le souverain ne peut ou ne veut lui-même avoir constamment l'oeil sur sa carte ou sa boussole, la raison veut qu'il en donne particulièrement la charge à quelqu'un par-dessus les autres."

En outre, c'est déjà la suprématie de la "chose publique" à laquelle se voue, par la grâce de Dieu, le roi, qui rend indispensable l'appui d'un "premier ministre". Le roi doit être protégé dans l'exercice de sa tâche:

"L'intérêt du Prince l'oblige à en user ainsi puisqu'il n'y a point d'homme qui puisse servir utilement le public sans s'attirer la haine et l'envie de tout le monde."

Constitution_1958Sans extrapoler outre-mesure et développer trop longuement ici, on ne peut que constater la parenté de cette vision de ce que l'on appelle l'exécutif, depuis la séparation des pouvoirs, et la doctrine gaullienne, contenue dans ce qui était la Constitution de 1958.

A savoir celle du Président "au-dessus des partis" avec un Premier ministre nommé par lui et pouvant, en cas de crise politique, être démissionné, sans que la République en fût destabilisée. Le Premier ministre était en fait ce que l'on appelle un "fusible", qui, pris dans une tourmente politique, polémique ou autre, devait être sacrifié, sans que le Président fût atteint.

On notera d'ailleurs, anecdote croustillante, que François Mitterrand, adversaire tenace des institutions de la Ve République, les endossera tellement qu'il fera sa seconde campagne victorieuse à l'élection présidentielle sur le thème de "l'Etat impartial", renvoyant, notamment lors du débat d'entre-deux-tours, son concurrent Jacques Chirac à l'image d'un chef de clan, son parti: le RPR.

 

François Mitterrand, terrible bretteur, avant l'un de plus beaux coups rhétoriques, reprochait à Jacques Chirac, le 3 mai 1988, de ne pas posséder les qualités "de l'impartialité ni du sens de la justice dans la conduite de l'Etat": en fait les qualités proprement présidentielles.

Cinq ans plus tard, lors d'un débat houleux faisant suite à une grande défaite des socialistes aux élections législatives, Ségolène Royal, dans l'opposition, dénonçait "l'Etat RPR" et reprochait à Nicolas Sarkozy de faire partie d'une majorité de droite qui a "tous les pouvoirs, dans les départements, dans les régions, au Sénat, les pouvoirs économiques, les pouvoirs financiers, bien souvent les médias aussi".

 

 

Vingt ans plus tard, le 28 juin 2008, Ségolène Royal ne parlait pas autrement de Nicolas Sarkozy, l'ancien maire de Neuilly-sur-Seine devenu Président, servant selon elle les intérêts de "ses amis milliardaires", détruisant le modèle social universel français et menaçant l'indépendance des médias et de la presse.

Ségolène Royal, ex-candidate socialiste à la présidentielle en 2007, dénonce la "mainmise [du sarkozysme] sur les médias, sur les réseaux financiers", "un pouvoir qui fait main basse sur la presse [...] un pouvoir qui donne aux riches encore davantage", "la reprise de contrôle des médias en particulier, le fait de servir ses amis, les groupes Bouygues, les groupes Lagardère, on voit un système berlusconien qui se met en place, on voit un Etat impartial qui recule".  Pour elle, il ne fait aucun doute, Nicolas Sarkozy n'est pas un Président impartial, servant l'intérêt public, mais un chef de "clan".

 

 

 

III. LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, INCARNATION DE LA CONTINUITE, DE LA STABILITE ET DE L'UNITE DE L'ETAT ET DE LA REPUBLIQUE:

L'instabilité chronique de la vie publique française, en même temps que l'extrême solidité des institutions ont été relevées et expliquées par divers auteurs, chacun à leur façon.

Le_Collier_de_la_reineIl est certain que la décapitation de Louis XVI, dernier roi de France strico sensu, allait introduire le Napol_on_a_ditpeuple comme élément majeur des événements à venir. Dans un style littéraire, Alexandre Dumas prophétisait, dans Le Collier de la reine, que "la France ressemble à un sablier; pendant neuf cents ans, il a marqué l'heure de la royauté, la droite puissante du Seigneur l'a retourné; pendant des siècles, il va marquer l'ère du peuple".

La République elle-même, la démocratie ensuite, allaient mettre des lustres à durablement s'installer, le sang continuerait longtemps à couler. Comme l'écrivait Napoléon: "Tous les Français sont frondeurs, turbulents [...] leur légèreté est tellement de nature, leurs variations si subites, qu'on ne pourrait dire qu'elles les déshonorent".

Le_pr_sident_de_GaulleL'instabilité gouvernementale qui caractérisa les IIIe et IVe République conduisit à terme le général de Gaulle à vouloir en finir avec un régime politique strictement parlementaire. D'où son intuition de la nécessité de l'incarnation en un Président fort, non seulement de la souveraineté populaire - ce qui sera fait en 1962 avec l'élection au suffrage universel direct - mais aussi de la continuité et de l'unité de l'Etat, des institutions et de la République, même en cas de grave crise.

Dans L'impérialisme, Hannah Arendt, avait dressé une typologie assez intéressante des différentsL_imp_rialisme_de_Hannah_Arendt systèmes politiques européens avant 1958. Elle y distinguait le système bipartite sous la monarchie constitutionnelle anglaise du système continental des partis.

La_reine_d_Angleterre_Elisabeth_IID'une part, en Angleterre, "l'Etat, en tant que garantie permanente de l'unité du pays, est seulement représenté par la permanence de la Couronne". Institution justement non partisane mais politiquement intouchable.

D'autre part le système bipartite était conçu de telle sorte que l'alternance entre parti au pouvoir et opposition exerçant un "contrôle dont l'efficacité est renforcée par sa certitude d'être le gouvernement de demain" structurait la stabilité politique de l'ensemble institutionnel.

La Couronne alliée au système d'"alternance gouvernementale" empêchaient plus qu'ailleurs les projets de coup d'Etat, la prise de pouvoir par des partis nationalistes ou anti-monarchiques etc.

Hannah_ArendtLa situation de la France était bien plus complexe. Seuls le principe républicain, son tryptique, la sacralité de sa fondation dans la Révolution de 1789 et la prééminence de l'Etat devaient être source de stabilité.

Or, les ligues monarchistes pullulèrent, l'extrème-droite menaça constamment les republiquegouvernements et la question de la décolonisation finit d'achever le consensus républicain en Algérie. Comme l'écrivait Hannah Arendt, en l'absence de principe d'alternance gouvernementale, "si, contre toute probabilité, il arrive toutefois qu'un parti ait la majorité absolue au Parlement et qu'il en résulte un gouvernement d'un seul parti, cela ne peut se terminer que par une dictature". Hannah Arendt écrivait évidemment à chaud, juste après avoir vu les démocraties parlementaires continentales, Allemagne et France d'abord, s'effondrer lamentablement avant ou durant la Seconde Guerre mondiale.

En France, la prééminence de l'Etat, "au-dessus des partis" n'était par ailleurs pas incarnée comme en Angleterre par un souverain et une Couronne.

Le_coup_d_Etat_permanent_de_Fran_ois_MitterrandC'est certainement pour toutes ces raisons que, in fine, le choix du général de Gaulle en 1958 d'instaurer un régime semi-parlementaire-semi-présidentiel, après avoir été dénoncé, notamment par François Mitterrand, comme un "coup d'Etat permanent" antidémocratique, fit finalement consensus.

L'élection au suffrage universel direct raffermit même la légitimité du président de la République, laquelle sembla, après la première cohabitation de 1986, au-dessus des échéances électorales législatives. C'est ainsi au nom de la chose publique, dont il se sentait le garant, que François Mitterrand, président de la République empêcha son gouvernement de droite de procéder à un certain nombre de privatisations.

Comme l'avait dit le général de Gaulle à Alain Peyrefitte, dans la Salon doré du palais de l'Elysée, en 1959: "l'Etat doitC__tait_de_Gaulle échapper aux partis, y compris le parti gaulliste!". Dans ces conditions, le président était un rassembleur mais aucunement le chef d'une majorité face à une opposition parlementaire dont De Gaulle niait, détenteur de la magistrature suprême, l'existence.

Le Président, nonobstant l'étendue, pour certains illimitée et quasi monarchique, de ses pouvoirs et de ses capacités d'influer sur la vie politique, prit d'abord la figure de l'incarnation et de la stabilité du régime. Les festivités du bicentenaire de la Révolution française, orchestrées par François Mitterrand, rappelèrent aussi que le Président assumait personnellement le lien entre la République et son moment fondateur.

IV. NICOLAS SARKOZY, UN CHEF DE CLAN ENNEMI DE LA CHOSE PUBLIQUE: LA PRESIDENCE DECHUE:

 

Nous avons vu que Ségolène Royal, opposante socialiste à l'ancien maire de Neuilly-sur-Seine, estimait implicitement que, comme président de la République, celui-ci ne défendait pas, voire n'aimait pas l'Etat, en tant qu'institution au service de la chose publique. Bien au contraire, de considérer Nicolas Sarkozy comme  favorisant les milieux rentiers et financiers, fragilisant le "modèle social français", se comportant comme le "chef d'un clan".

Mais politiquement parlant, il est patent qu'il en va de même. Si de Gaulle avait, à l'article 4 de la Constitution, en 1958, concédé que "les partis et groupements politiques concourent à l'expression du suffrage", il n'en demeurait pas moins que le même article précisait qu'"ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie" à savoir, dans l'esprit gaullien, le peuple, dont le vote référendaire demeurait l'expression légitime suprême.

UMPDevenu président la République, Nicolas Sarkozy annonçait qu'il quittait la présidence du parti de droite, fondé par Jacques Chirac, dont il était le président pour "bien servir l'intérêt de la France". Mais fait inédit, il supprimait immédiatement cette fonction pour mieux contrôler ce qui restera son parti.

C'est ainsi que par sa seule volonté, Nicolas Sarkozy créait à la place de ce poste de président de parti, qu'il "quittait", une "direction collégiale" - prompte à être manipulée -, décision approuvée par le bureau politique de l'UMP le 25 juin 2007.

Jean-Claude Gaudin de préciser que, puisque "moralement [sic] le président de l'UMP demeure Nicolas Sarkozy", ce serait désormais un triumvirat de trois vice-présidents qui dirigerait [sic] la famille politique de l'ancien maire de Neuilly-sur-Seine.

Discret putsch peu relevé alors mais pourtant contraire aux missions d'un chef de l'Etat, qui, s'il a toujours en France eu la haute main, via ses conseillers, sur son parti d'origine, quand il en avait un, n'était jamais allé aussi loin dans la partialité.

L'esprit de rassemblement cher au général de Gaulle, et déjà remplacé sous Pompidou par le principe de laMinistres_sans_fonri_re_politique majorité et de l'opposition, sera alors gravement dévoyé par Nicolas Sarkozy par la constitution d'un gouvernement de pseudo-ouverture, invitant des personnalités médiocres du centre ou de gauche à appliquer un programme présidentiel de droite dure voire d'extrême-droite sur quelques sujets, renonçant bien entendu à toutes les emphases bonimenteuses de campagne. La politique menée par ce gouvernement de potiches médiacratiques sera évidemment non pas ouverte mais purement sarkozienne, autoritariste, anti-étatiste voire contre-révolutionnaire.

Point d'ouverture donc, mais une mainmise sur l'UMP.

L'apogée la plus caricaturale de cette obsession présidentielle de tenir et "son" parti et son fief d'origine, Neuilly-sur-Seine, éclatera au grand jour avec le putsch du fils Sarkozy dans cette même ville, feuilleton piloté par l'Elysée, mêlant vie publique et vie privée, dès le 1er octobre 2007, avec le parachutage de David Martinon, bientôt renversé par Jean Sarkozy.

Lors des élections municipales de 2008, Nicolas Sarkozy décida, avant de "palinoder", à la vue de sa galopante impopularité, de s'impliquer personnellement dans la campagne et d'en faire un "test national". C'est un Nicolas Sarkozy bouffi de contentement qui, en guise de coup d'envoi médiatique de la campagne, reçut en personne, devant 2 000 cadres de l'UMP, lors d'un Conseil national de l'UMP, l'ancien Premier ministre de gauche britannique, Tony Blair. A cent mille lieues des impératifs de sa fonction et de l'impartialité qu'elle devrait lui imposer...

Tony Blair, ancien Premier ministre britannique de gauche, invité personnellement par Nicolas Sarkozy le 12 janvier 2008 au Conseil national de l'UMP, en présence du président de la République...

C'est sans hésiter une seconde que Ségolène Royal toujours, releva le défi lancé par le Président (sic) du test national des municipales, qu'il perdra au bonheur mesuré de la gauche, mais sans en tirer aucune conséquence politique.

Le 12 janvier 2008, Ségolène Royal, ex-candidate socialiste à l'élection présidentielle, répondait du tac au tac au Président Sarkozy étrangement descendu dans l'arène des élections locales expliquant que "Nicolas Sarkozy a annoncé que les élections municipales étaient un test national [et que] cela veut dire qu'il nous demande si oui ou non nous sommes contents de lui et de ce qu'il fait." Et d'ajouter à l'adresse de son ancien concurrent: "eh bien moi, je dis topons-là"...

 

 

 

 

Un_pr_sident_anti_gr_vesLe 5 juillet 2008, c'est encore devant son clan UMP que le "Président de tous les Français", lors d'un Conseil national toujours, ridiculisait la Constitution, les travailleurs, autant que leurs représentants syndicaux et la population de ce pays en déclarant, tout sourire: "désormais, [en France], quand il y a une grève, on ne s'en aperçoit pas"...

Si l'encadrement de la pratique de la grève est le palliatif à l'abolition du droit constitutionnel de grève, que réclament ses éditorialistes affidés et le grand patronat, encore une fois, tant le lieu que les paroles prononcées par le président de la République témoignaient de ce que celui-ci n'est pas à laMarielle_de_Sarnez_du_MoDem hauteur de la fonction...

Marielle de Sarnez, vice-présidente du MoDem, qualifiait le 7 juillet 2008 dans Le Figaro de "choquante" la présence de Nicolas Sarkozy devant le Conseil national de l'UMP. Elle rappelait fermement que "la fonction de président de la République qui rassemble tous les Français" n'est pas celle de "chef de parti". Une fois de plus tout était dit.

______________

 

 Il faut d'abord comprendre que cette révision institutionnelle a tout simplement consisté à conformer in concreto et non pas in abstracto, c'est-à-dire selon les principes républicains, le droit à la pratique sarkozienne violente et vulgaire de la fonction présidentielle. Ce qui constitue une dérive constitutionnelle et juridique vertigineuse, le droit ne se contentant plus que d'entériner telle ou telle pratique, à savoir celle du plus fort...

Il n'y aura eu, bien entendu, pas de référendum sur cette question cruciale des institutions, comme sur l'Europe d'ailleurs.

Pour ce qui est de l'accroissement des pouvoirs du Parlement, il n'en est rien. Selon Max Gallo, mitterrandien passé par rancune au sarkozysme le plus éhonté,  dans Le Point du 21 août 2008, "l'adoption du quinquennat et la concomitance de l'élection présidentielle", voulues par l'ancien Premier ministre socialiste Lionel Jospin, "font du président un homme de parti, qui n'est plus en situation d'être au-dessus des appareils". Certes, mais alors pourquoi cette nouvelle réforme qui enfonce le clou et est contraire à l'intérêt général?

Car cette réforme va plus loin. Le président de la République, "homme de parti", disposera désormais de la tribune parlementaire, sans pour autant que les élus du peuple puissent le sanctionner ou non, alors que lui peut dissoudre l'Assemblée nationale à sa seule discrétion. Alors que jusqu'à présent, le Premier ministre seul, responsable et pouvant avec son gouvernement être renversé par le vote d'une motion de censure, pouvait y prononcer le discours de politique générale, c'est maintenant un Président irresponsable politiquement qui le concurrencera...

Un "homme de parti", en l'occurence Nicolas Sarkozy, pourra présenter devant la diversité des élus du peuple réunis à l'Assemblée, le projet de "son" parti, sans rien risquer - sinon des débats réthoriques sans fin une fois son verbiage achevé.

Le fait de partager l'ordre du jour entre le gouvernement et les présidents des groupes parlementaires - dont celui de la majorité présidentielle sera le plus fort - n'enlève rien au fait que le Premier ministre, seul responsable politiquement devant la représentation élue, sera affaibli, non pas au profit d'une opposition toujours minoritaire, mais du Président partial, disposant d'une majorité docile plus que jamais.

D'où d'ailleurs les convocations régulières des députés du clan UMP et des récalcitrants de feue la droite républicaine à l'Elysée, qui risquent de devenir tout simplement des hyper-potiches.

Mais si l'on en revient à notre sujet, à savoir la nécessité pour une République d'avoir à sa tête un homme, au moins constitutionnellement impartial, et en-dessous de lui, un chef politique, le Premier ministre, battant le blé de la politique quotidienne, cette réforme est ahurissante.

Car avec la mort du Premier ministre et le pseudo-renforcement du Parlement présidentiel, nous assistons à l'avènement du Président partial et irresponsable.

Ce que Nicolas Sarkozy était dans les faits, il le devient béni par les textes. Sa conduite délétère, instable, illisible, hyperactive est désormais inscrite dans le marbre de la Constitution.

Il ne s'agit absolument pas ici de pleurer un Commandeur de la Nation mais, une fois encore, après avoir perdu la bataille de la médiacratie avec le nomination par le chef de l'Etat du président de France Télévisions, de promouvoir un Etat neutre et des institutions impartiales, au service, pour reprendre la sémantique de Richelieu, "du public".

Peut-on présider un pays aux yeux du monde et militer en permanence pour un parti politique, avec l'aval d'une Constitution acquise?

La réponse est non.

A l'instabilité des IIIe et IVe République, dénoncée en son temps par le général de Gaulle vient s'ajouter la dangerosité et la labilité d'un Président trop puissant, sans autorité, sans responsabilité pour ses actes, girouette lisant à peine les notes rédigées et défendues en public par des conseillers médiatisés.

Le difficile équilibre entre la république, qui requiert autorité et fidélité à quelques principes fondateurs et la démocratie qui suppose le changement constant, la controverse et le débat d'idées contradictoire est définitivement rompu.

Si certains pensaient que la Ve République n'était pas une panacée démocratique, ils n'avaient peut-être pas tort. Mais la République clanique en train de s'ériger n'a plus rien de républicaine - res publica signifiant, faut-il le rappeler, "chose publique".

On peut gager en tout cas que Richelieu ne se serait pas considéré comme un "simple collaborateur", contrairement à François Fillon et on ose espérer que Nicolas Sarkozy, en sus de se prendre pour de Gaulle et Mitterrand, ne se rêve pas en reine d'Angleterre...

"Les institutions, disait Marie-France Garaud, ça pourrit comme le poisson: par la tête". Eh bien c'est fait, elles sont moisies et sans queue ni tête.

La République n'avait plus de tête tant que Nicolas Sarkozy était à l'Elysée, jusqu'en 2012. Il est à craindre qu'elle n'en est plus jamais. Quant au Parlement, en l'état actuel des modifications constitutionnelles, il n'en sera que le corps chétif et avarié.

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