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Journal d'un ségoléniste ! Et autres petites histoires !
16 avril 2008

JEAN-MICHEL APATHIE ET SES RAISONNEMENTS CREUX SUR LA POLITIQUE...

Dans une société de masse de consom-munication, les médias fondés sur l'image et le son, la radio, la télévision et bien entendu Internet, qui permet la fusion des deux, sont devenus de vrais lieux de pouvoir. C'est là que, depuis longtemps, l'opinion, pour partie, trouve arguments et contre-arguments à telle ou telle vision du monde plus qu'à la lecture de la presse. La politique, en France, n'échappe pas, bien au contraire, à cette nouvelle donne. Ce qui semble plus récent est le mélange des genres télévisuels, qui pose, dans une nation politique comme la nôtre, de graves problèmes. Car c'est sur les plateaux d'émissions télévisées de divertissement, entre deux entretiens avec telle ou telle star, vedette du monde des arts ou des sports, qu'officient un certain nombre de journalistes politiques. Le peu de temps qui leur est imparti, entre deux sujets non politiques, pour "analyser la situation du pays", loin d'affaiblir leur influence, semble la grandir. L'audience est d'autant plus large que les émissions sont populaires et divertissantes. La brièveté de leur temps de parole leur permet d'envoyer des messages courts, qui, au milieu de discussions futiles, apparaissent, sous couvert de leur "expertise", de leur "intelligence" et de leur "sérieux" supposés, comme autant d'oracles, de leçons de morale publique plus pontifiantes les uns que les autres. La capacité critique des spectateurs, loin de s'en trouver augmentée, s'en trouve bien plutôt anesthésiée...

Le cas de Jean-Michel Apathie, officiant sur Canal plus, dans l'émission Le Grand journal, est à cet égard édifiant. Le lot de bêtises qu'il délivre chaque semaine ne trouve que rarement contradicteurs... Les animateurs de l'émission boivent trop souvent ses paroles, même les plus sottes, comme du petit lait...

JEAN DE LA BRUYERE

" Le sublime du nouvelliste est le raisonnement creux sur la politique."

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Les_Caract_res_de_Jean_de_la_Bruy_reJean de la Bruyère,

Les Caractères,

"Des ouvrages de l'esprit".

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QUAND JEAN-MICHEL APATHIE DEFEND ARLETTE CHABOT ET LA CONNIVENCE POLITICO-MEDIATIQUE... AU DETRIMENT DE LA DEMOCRATIE

Logo_Canal_Plus14 avril 2008, Canal plus, le Grand journal: alors que le thème de la première partie deJean_Michel_Apathie l'émission porte en partie sur la place des femmes en politique, arrive le temps de l'oracle. Jean-Michel Apathie se livre à sa "chronique" ou à son "commentaire politique", entre deux séquences d'humour, d'ailleurs très incisives...

Arlette_ChabotAu milieu d'un discours assez convenu sur le "machisme" ambiant dans la vie politiqueLogo_France_2 française, Apathie-le-donneur-de-leçons de nous glisser, comme par hasard, un message bien pesé, pour laver la directrice de l'information de France 2, Arlette Chabot, des soupçons pesant sur elle de connivence avec l'UMP, parti de Nicolas Sarkozy.

Prétendant ouvrir un débat sur le reproche fait aux femmes politiques de faire la bise, éventuellement à des hommes politiques d'un autre bord - en l'occurence l'actuelle secrétaire d'Etat en charge de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet avec José Bosé, figure emblématique de l'écologie et de l'altermondialisme - M. Apathie de taxer de "bêtise" les téléspectateurs de France 2 qui avaient reproché à Arlette Chabot, journaliste du service public, sa bise, en direct, sur son plateau de télévision, à Jean-François Copé, un des caciques de l'UMP.

Bise Chabot / Copé - A Vous de juger
Vidéo envoyée par w00style

Le 19 octobre 2006, à l'issue de son émission politique, A vous de juger, Arlette Chabot, organisatrice en chef des débats politiques impartiaux de France 2, faisait la bise en direct de Jean-François Copé, le très ambitieux maire UMP de Meaux, ancien ministre sous Jacques Chirac et porte-parole du gouvernement Raffarin.

Verbatim: "Kosciusko-Morizet connaît Bové depuis 10 ans donc quand ils se voient ils se font la bise […] ce qui est normal et ordinaire."

"Mais je me souviens qu’Arlette Chabot […] a eu beaucoup de problèmes quand terminant une émission à la télévision Mots Croisés elle fait une bise à Jean-François Copé et les téléspectateurs de France Télévision se sont déchaînés pendant des semaines: cette bise est indigne. Comme quoi vous savez la bêtise elle est un peu partout hein."

Par un de ces raccourcis hasardeux dont il est coutumier, M. Apathie mettait dans le même panier une responsable politique et une journaliste. L'argument, comme trop souvent, est spécieux car:

  • Arlette Chabot n'est pas une responsable politique - en tout cas pas pour l'instant - mais une journaliste

  • le fait que des personnalités politiques de différents bords parlent ensemble de sujets auxquels ils tiennent, au-delà de leurs divergences, n'a rien à voir avec le journalisme

  • le journalisme politique, de surcroît sur le service public de l'audiovisuel, suppose une éthique faite de neutralité, d'impartialité avec un traitement à égalité de toutes les tendances politiques et de leurs représentants

  • l'amitié entre hommes, femmes politiques et journalistes doit rester de l'ordre de la vie privée et n'a pas à polluer ou biaiser le débat démocratique.

Arlette_Chabot_et_Patrick_Poivre_d_Arvor_organisateurs_du_d_bat_pr_sidentiel_du_2_mai_2007S'agissant de Mme Chabot, il faut se rappeler qu'elle était commise à l'organisation et à la présentation du débatNicolas_Sarkozy_et_S_gol_ne_Royal_se_serrent_la_main___l_issue_du_d_bat_pr_sidentiel_le_2_mai_2007 présidentiel du 2 mai 2007, opposant Nicolas Sarkozy à Ségolène Royal. Temps démocratique fort et ultime affrontement de deux projets pour la France.

Débat dont le déroulement comme la mise en scène sont soumis à des conditions drastiques d'"objectivité", garantie normalement par l'égalité du temps de parole mais aussi par la neutralité maximale des journalistes qui l'organisent et le présentent.

Et ce aussi bien en amont qu'en aval, afin de ne pas destabiliser ni les candidats ni les électeurs. Le plateau de télévision devient, l'espace d'une soirée, une arène politique qui ne saurait être perturbée par des considérations d'ordre privé ou autres, entièrement dédié au débat démocratique.

Or, à l'issue de ce débat présidentiel haletant, nous le savons grâce à des images inédites, cette impartialité et cette égale distance des journalistes à l'égard des deux candidats furent rompues par Arlette Chabot et Nicolas Sarkozy, lorsque ils se donnèrent la bise devant Ségolène Royal... Alors que Patrick Poivre d'Arvor s'était naturellement contenté de serrer la main des deux bretteurs.

!!! Bise Sarkozy-Chabot
Vidéo envoyée par FLoic

Image surprenante d'une bise entre le candidat de la droite et la journaliste Arlette Chabot, co-présentatrice du débat présidentiel du 2 mai 2007. Manifestation incongrue d'une amitié ou d'une proximité qui aurait dû demeurer d'ordre strictement privé, hors du studio de télévision...

Mais de cette bise-là, étrange et autrement plus grave, Jean-Michel Apathie n'en parle pas le moins du monde ce 14 avril, au Grand journal de Canal plus... Il préfère clabauder sur la "bêtise" des téléspectateurs de France 2 qui réclamaient à juste titre un peu plus d'impartialité de la part de Mme Chabot.

Evidemment, Jean-Michel Apathie, seul "expert politique" de l'émission n'aura à ce sujet aucun contradicteur sur le plateau. Il peut excuser Arlette Chabot comme il parlerait météo... De toute façon, il "dit la vérité" et on l'applaudit.

APATHIE A LA RESCOUSSE DE NICOLAS SARKOZY ... CONTRE LA REPUBLIQUE

Logo_le_grand_journalC'est lors de cette même émission, le 21 février 2008, que Jean-Michel Apathie avait décidé de se faire l'avocat du Logo_Marianneprésident de la République, alors au plus bas dans les sondages. Les orientations et choix politiques nationaux de Nicolas Sarkozy - pratique discrétionnaire du pouvoir, remise en cause brutale, à Saint-Jean de Latran, de la laïcité, multiplication des pressions sur la presse et les médias, réorientation de la politique étrangère française, mauvaise "gouvernance" - étaient implicitement et démocratiquement visés par l'appel "Pour une vigilance républicaine", lancé par l'hebdomadaire Marianne, comme ils commençaient d'ailleurs à effrayer beaucoup de Français, hormis M. Apathie.

Pour rappel, le texte concis lancé par Marianne ne faisait que réaffirmer quelques principes républicains fondamentaux auxquels les signataires, de droite, du centre comme de gauche ou simples citoyens, souhaitaient manifester leur attachement. Il convient d'en reproduire ici le texte:

"Les soussignés se réclament de sensibilités très diverses, et ils ont sur un certain nombre de sujets importants des positions très différentes, mais ils ont malgré tout en commun un certain nombre de convictions et de valeurs qu'ils entendent réaffirmer.

- Leur attachement au principe républicain et, en conséquence, leur refus de toute dérive vers une forme de pouvoir purement personnel confinant à la monarchie élective.

- Leur attachement aux fondamentaux d'une laïcité ferme et tolérante, gage de la paix civile.

- Leur attachement à l'indépendance de la presse et au pluralisme de l'information.

- Leur attachement aux grandes options qui ont guidé, depuis cinquante ans, au-delà des clivages partisans, une politique étrangère digne, attachée à la défense du droit des peuples et soucieuse de préserver l'indépendance nationale et de construire une Europe propre à relever les défis du XXI° siècle.

Au-delà de leurs divergences, les soussignés tiennent à rappeler leur engagement à défendre, séparément ou ensemble, ces impératifs, comme toujours cela fut fait au cours de l'Histoire de la République."

C'est cet appel républicain, avec les principes qu'il porte, que Jean-Michel Apathie décida, le 19 février 2008,La_R_publique_assassin_e de tourner en dérision et de réduire à quia, en direct, devant des centaines de milliers de spectateurs.

Ridiculiser un texte d'une limpidité, d'une clarté et d'une honnêteté intellectuelle incontestables était chose aisée, sur un média de masse comme Canal plus. Les téléspectateurs n'étant pas censés avoir lu le dit appel ni avoir observé les pratiques anti-républicaines à répétition du président de la République - discours et actes.

M. Apathie de trancher ce soir-là, en forme d'oukase journalistique contre la République:

"Comment peut-on dire autant de bêtises en aussi peu de mots ?"

Avant de conclure en injuriant Jean-François Kahn, fondateur de Marianne et initiateur, parmi d'autres, de l'appel.

Jean_Fran_ois_Kahn_et_Jean_Michel_ApathieDeux jours plus tard, Jean-François Kahn, ayant obtenu un droit de réponse, vint tenter de s'expliquer devant M. Apathie lors de la même émission. S'ensuivit un flot de mensonges de la part du chroniqueur, une leçon d'histoire politique complètement fallacieuse et grevée d'amalgames ridicules auxquels Jean-François Kahn fut bien en peine de répondre. La bêtise étant difficile à affronter et la complicité des animateurs du Grand journal prenant la défense de Jean-Michel Apathie aidant...

Comme le dit un jour François Mitterrand à propos d'un de ses adversaires politiques, on ne peut échanger avec quelqu'un qui "commet tant d'accidents intellectuels en si peu de temps de discussion"... C'est bien le cas de Jean-Michel Apathie.

Video clash entre JF Kahn et JM Apathie sur CANAL = PLUS
Vidéo envoyée par vodbox

Jean-François Kahn tentant de défendre et d'expliquer à Jean-Michel Apathie le sens de la démarche de l'appel "Pour une vigilance républicaine"... Un dialogue de sourds, condamné d'avance par la vacuité de la pensée politique de M. Apathie...

Les mensonges et les raccourcis ineptes proférés par M. Apathie, étrangement épaulé ce soir-là par l'ensemble des animateurs l'entourant, sont pourtant aisément démontables. Les voici:

  • LA CONSTITUTION N'A JAMAIS ETE VIOLEE PAR NICOLAS SARKOZY ET PERSONNE NE PEUT DEMONTRER L'INVERSE (QUID CONSEIL CONSTITUTIONNEL):

Le 16 août 2007, le Conseil constitutionnel censurait une partie de la loi dite TEPA ou paquet fiscal, relative à l'exonération rétroactive d'intérêts d'emprunt, au nom de la non-rétroactivité des lois, inscrite dans la Constitution. Le 15 novembre 2007, le Conseil constituionnel invalidait l'article 63 de la loi Hortefeux sur l'immigration voulant autoriser la pratique des statistiques dites "ethniques" - en fait raciales - , au nom tout simplement de l'article Ier de la Constitution.

En outre, et n'en déplaise à M. Apathie, de nombreuses dispositions législatives ou actions du président de la République posent démocratiquement la question du respect de la Constitution, même si elles n'ont pas fait l'objet d'une saisine du Conseil constitutionnel.

L'autonomie de l'Autorité judiciaire fut ainsi mise à mal par l'instauration des peines-plancher tout comme par les propos de la ministre de la Justice, Rachida Dati (art. 64).

La négation explicite du rôle du Premier ministre, seul responsable avec le gouvernement devant le Parlement, qualifié de "collaborateur" par Nicolas Sarkozy lui-même paraît plus que douteuse (en regard des art. 18; 20 et 67).

Plus subtilement, c'est l'interprétation de la Constitution qui est touchée (art. 39; 49; 50) par la liquidation dans les faits du principe de la solidarité gouvernementale consécutive à l'ouverture-imposture sarkozienne.

La censure par le Conseil constitutionnel d'une partie de la loi sur la détention de sûreté et la tentative de Nicolas Sarkozy de passer outre, une première dans la Ve République, viendra, le lendemain même du lynchage de M. Kahn par M. Apathie, confirmer la pertinence de l'appel "Pour une vigilance républicaine". Censure au nom de la non-rétroactivité des lois, inscrite dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (art. 8), partie intégrante de la Constitution de 1958.

Les propos du président de la République tenus à Saint-Jean de Latran, le 20 décembre 2007, puis en Arabie Saoudite, le 14 janvier 2008, contre la laïcité sont d'une gravité inouïe. L'article 1er de la Constitution pose que "la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale". Le président de la République étant d'ailleurs le garant de cette même Constitution (art. 5), qu'il a pourtant contredite en territoire étranger... Une première...

Peut-être Jean-Michel Apathie, si soucieux d'ordinaire de recouper ses sources, ignore-t-il l'existence d'un Conseil constitutionnel voire le contenu même de la Constitution? Peut-être méconnaît-il ses décisions, absolument souveraines, tout comme le fait que Nicolas Sarkozy ait tenté d'en contourner une?

Fronton_du_Conseil_constitutionnel

  • L'ELECTION DE NICOLAS SARKOZY SERAIT REMISE EN CAUSE PAR L'APPEL DE MARIANNE:

Les résultats de l'élection présidentielle n'ont pas été invalidés. Nulle part, dans l'appel lancé par Marianne, n'est contestée la victoire de Nicolas Sarkozy aux élections présidentielles du 6 mai 2007. Il ne s'agit pas de la légitimité démocratique du nouveau président mais de la conformité de sa politique avec un certain nombre de principes constitutionnels, juridiques, historiques ou culturels.

Mais peut-être Jean-Michel Apathie confond-il processus électoral et principes républicains? Confusion courante par ailleurs...

La_gauche_battue_au_second_tour_des_pr_sidentielles_de_2007

  • PERSONNE N'AURAIT CRITIQUE L'APPEL "POUR UNE VIGILANCE REPUBLICAINE" EN TERME DE FASCISME, PERSONNE NE L'AURAIT COMPARE A LA LITTERATURE DES ANNEES 30:

Pourtant, dès le 16 février 2008, Roger Karoutchi, secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement, tonnait:

"Il y a des types qui n'ont toujours pas accepté que Sarkozy gagne les élections. C'est du déni de démocratie et du fascisme rampant."

Quelques jours plus tard, c'est le porte-parole du gouvernement, Laurent Wauquiez, qui dégainait, sur Radio-Classique, le 20 février 2008:

"En ce moment, notamment de la part de l'opposition, on est dans une posture de terrorisme intellectuel."

Quant à Pierre Lellouche, député sarkozyste de l'UMP, il s'enflammait grossièrement, le 21 février 2008, à la télévision:

"Le débat politique est dominé par des méthodes qui relèvent de la Stasi."

Mais là encore, faisant preuve d'une mauvaise foi indigne du journalisme politique, Jean-Michel Apathie n'avait apparemment pas relevé ces écarts de langage douteux, ces comparaisons historiques nauséabondes, ces envolées outrancières qui ont désormais cours dans le débat public français...

Roger_Karoutchi  Laurent_Wauquiez  Pierre_Lellouche

  • L'APPEL LANCE PAR MARIANNE SE RESUMERAIT A "UNE TENTATIVE POUR DIRE: LA DROITE N'EST PAS REPUBLICAINE":

Aucune attaque contre "la" droite n'est comprise dans l'appel "Pour une vigilance républicaine". Des personnalités éminentes de droite, à commencer par Dominique de Villepin et l'ancien directeur de cabinet du général de Gaulle, l'ont d'ailleurs signé.

Mais peut-être la droite, pour Jean-Michel Apathie n'est-elle incarnée que par l'homme politique Nicolas Sarkozy? Le sarkozysme serait "toute" et "rien que" la droite? Ce qui serait gravement réducteur...

Dominique_de_Villepin

  • "LA DROITE FRANCAISE EST REPUBLICAINE":

Ni la droite ni la gauche n'existent comme blocs monolithiques. C'est un raccourci mensonger.

Ainsi à droite, le Front national, le MNR, les groupuscules plus ou moins actifs qui se réclament de Vichy, de l'OAS, d'Occident ou de la monarchie, le club de l'Horloge, sont des partis ou des mouvements qui ne font pas partie du cercle républicain, précisément parce que les idées et principes au nom desquels ils se battent sont contraires aux grands principes de la République française. De même que la LCR ou LO, dès lors qu'ils ne renonceraient pas à la dictature du prolétariat, représentent une gauche non républicaine.

Mais le fait est que la victoire de Nicolas Sarkozy s'explique en partie, M. Apathie ne saurait le nier, par les appels clairs et nets faits par ce candidat aux électeurs du Front national, comme à la droite anti-républicaine. Le fait qu'il se soit inspiré de certaines de leurs idées et de leurs slogans est notoire, avant de les mettre en oeuvre.

En outre, comme l'illustre le récent essai de François Léotard, ancien ministre RPR, la droite de gouvernement est elle-même plurielle et parfois réfractaire au sarkozysme... mais Jean-Michel Apathie avait déjà déploré l'existence de ce livre, Ca va mal finir, à plusieurs reprises...

Jean-Michel Apathie ignore-t-il l'histoire, pourtant classique, des droites en France, étudiée notamment par René Rémond et Zeev Sternhell?

Les_droites_en_France_de_Ren__R_mondLa_droite_r_volutionnaire_de_Zeev_Sternhell

  • IL N'Y AURAIT, A L'ELYSEE, AUCUN RISQUE DE DERIVE VERS UN POUVOIR PERSONNEL:

La présidence Sarkozy a été qualifiée d'hyper-présidence. A juste titre car le mépris pour la majorité et les électeurs de droite ayant voté pour lui s'est manifesté par une soit-disant "politique d'ouverture", nullement annoncée au peuple pendant la campagne et nullement inscrite dans le programme sarkozien. Hyper-présidence confirmée par l'attitude vis-à-vis du Parlement.

L'omniprésence télévisuelle et médiatique des conseillers de l'Elysée, personnes dépourvues de toute légitimité politique et démocratique, dépendant directement du bon vouloir présidentiel, finalement revue à la baisse, a fait un temps penser qu'un gouvernement parallèle détenait le pouvoir réel autour de Nicolas Sarkozy. D'un Henri Guaino assumant à la place du président de la République les discours qu'il lui avait écrits, tel le discours aux relents coloniaux de Dakar, d'une Emmanuelle Mignon assurant, par voie de presse, que "les sectes sont un non-problème en France" ou défendant l'idée d'un parainnage par chaque élève de CM2 d'un enfant juif mort déporté pendant la Collaboration: les Français ne savaient plus qui gouvernait...

L'abaissement de la fonction présidentielle est devenue patente quand Nicolas Sarkozy a endossé les fonctions de Premier ministre, de ministre - on se rappellera la visite calamiteuse du président aux pêcheurs au Guilvinec, en lieu et place de leur ministre - , empiétant sur les domaines de compétence de ces derniers, qui, rappelons-le, sont seuls responsables, collectivement, devant le Parlement. Le président étant constitutionnellement irresponsable.

L'affaissement de la fonction présidentielle s'est amplifiée quand Nicolas Sarkozy a cru bon d'envahir les médias, la presse et finalement de violer l'espace public politique en étalant volontairement sa vie privée voire même intime. La privatisation de la fonction était en marche.

Les interventions intempestives de l'Elysée au sein de l'UMP, privée par Nicolas Sarkozy d'une présidence pouvant lui faire ombrage, ses incursions ultérieures dans les élections municipales, tel le parachutage de son propre fils à Neuilly-sur-Seine, ont profondément choqué les Français... Et donné raison à Jean-François Kahn.

Henri_Guaino_chantre_de_la_politique_de_civilisationEmmanuelle_Mignon__directrice_de_cabinet_de_Nicolas_SarkozyLe_pr_sident_cultiv__qui_a_redonn__le_go_t_de_la_lecture___ses_sujets__SarkozyNewsJean_Sarkozy

  • LA QUESTION SERAIT DE SAVOIR SI LA PERSONNE DE NICOLAS SARKOZY EST, OUI OU NON, REPUBLICAINE:

N'étant ni psychanalystes ni voyants, les signataires de l'appel lancé par Marianne n'ont pas vocation à ausculter les convictions intimes du président de la République, si tant est qu'il en ait... En revanche, ses prises de position publiques, au nom de la France, sont, parce que nous vivons en démocratie, susceptibles d'être critiquées, à l'aune notammment, mais pas seulement, des principes républicains.

Mais là encore, Jean-Michel Apathie a peut-être entériné la privatisation de la fonction présidentielle, qui aboutit au fait que critiquer les actions et discours du président de la République équivaudrait à attaquer sa personne?

Interruption_momentan_e_des_principes_r_publicains_en_France_sarkozienne

  • DIRE QUE JEAN-MICHEL APATHIE EST PLUS LIBERAL QUE NICOLAS SARKOZY CONSTITUERAIT UNE "ATTAQUE PERSONNELLE", dixit une des animatrices:

La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (art. 10) consacre la liberté d'opinion. Dire de M. Apathie qu'il émet des opinions plus libérales que Nicolas Sarkozy n'a rien d'une attaque personnelle. Il s'agit d'un jugement sur ses interventions, sur son travail de journaliste et absolument pas sur sa personne privée.

Mais peut-être Jean-Michel Apathie et ses collèques ne font-ils pas la différence entre vie privée et expression publique?

D_claration_des_droits_de_l_homme_et_du_citoyen_de_1789

  • LA PRESSE N'AURAIT SUBI ET NE SUBIRAIT AUCUNE PRESSION PARTICULIERE DE LA PART DE NICOLAS SARKOZY, dixit un des animateurs:

A écouter les animateurs du Grand journal, tout irait pour le mieux en France s'agissant des rapports entre Nicolas Sarkozy et les médias... Pourtant, le président, dont un des fils a pour parrain le patron de TF1, Martin Bouygues, a, depuis des années, cultivé menaces et connivences en tous genres - Jean-Pierre Elkabbach en étant l'épure la plus convaincante - avec la presse et la télévision. Sans nous appesantir sur un dossier trop long, on mentionnera ici quelques faits d'utilité publique.

En juin 2006, Nicolas Sarkozy avait exigé et obtenu le renvoi du directeur de la rédaction de Paris-Match, Alain Genestar, pour avoir fait la une du prestigieux hebdomadaire sur le bonheur adultérin de Cécilia Sarkozy, déclenchant le 1ère grève de ce journal peu familier des mouvements sociaux...

Pendant la campagne, entre les deux tours de l'éection présidentielle, Nicolas Sarkozy et ses sbires firent tout pour empêcher un dialogue public entre Ségolène Royal et François Bayrou. Les grandes rédactions furent alors menacées tant et si bien que le dit débat eut lieu sur une chaîne d'information spécialisée, à l'audience infiniment inférieure aux grande chaînes généralistes, à une heure matinale, le 28 avril 2007. Altérant de ce fait le débat démocratique.

Peu après la victoire de Nicolas Sarkozy, on apprenait que la direction du groupe Lagardère, dont le PDG n'est autre qu'un intime du président, avait obtenu la censure d'un article indiquant que Cécilia Sarkozy n'avait pas voté le 6 mai 2007, participant de ce fléau pour la démocratie représentative qu'est l'abstention, d'ailleurs prônée par Jean-Maire Le Pen...

Enfin, apogée: le 7 février 2008, le président de la République portait plainte au pénal contre un journaliste pour "faux, usage de faux et recel", exposant un journaliste du Nouvel Observateur à trois ans de prison et à 45 000 euros d'amende. Procédure inédite venant de l'Elysée, véritable déclaration de guerre au journalisme qui se pencherait de trop près sur la vie privée présidentielle, jusque là jetée en pâture à tous les magazines...

Mais peut-être ces faits, parmi bien d'autres, n'ont-il pas éveillé la sagacité des animateurs du Grand journal de Canal plus, pas plus que celle de Jean-Michel Apathie?

Libert__de_la_presse_ou_relais_m_diatiques_du_gouvernementLibert__de_la_presse_en_France

  • JEAN-MICHEL APATHIE N'AURAIT PAS INSULTE JEAN-FRANCOIS KAHN:

Le 19 février, sur le plateau du Grand journal, Jean-Michel Apathie, après avoir qualifié l'appel "Pour une vigilance républicaine" de tissu de "bêtises", a publiquement agoni Jean-François Kahn. Le journaliste-inquisiteur Apathie d'affirmer: "Si on veut faire des critiques, il ne vaut mieux pas convoquer Jean-François Kahn parce qu’il raconte quand même à peu près n’importe quoi !" S'il ne s'agit pas d'une attaque strictement personnelle, il faudra expliquer au public de quoi il en ressort.

Jean-Michel Apathie aurait-il en horreur le débat démocratique, nécessairement contradictoire?

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  • L'APPEL "POUR UNE VIGILANCE REPUBLICAINE" SERAIT LA REEDITION DU COUP D'ETAT PERMANENT, PAMPHLET MITTERRANDIEN CONTRE DE GAULLE ET LA Ve REPUBLIQUE:

La comparaison est tellement inepte qu'elle se passe de commentaires... Sinon à rappeler à Jean-Michel Apathie que lorsqu'un de ses interlocuteurs lui parle de la présidence Sarkozy, sa tendance à se défausser en faisant appel aux références du passé ou en se mettant à dégoiser sur l'opposition ne sont pas des moyens honnêtes de répliquer, mais une façon assez couarde d'éviter de répondre...

L'oracle ès politique du Grand journal de Canal plus ne résiste en fait pas à l'examen des faits et de la vérité historique et politique. Examen trop long pour être établi lors d'une émission mélangeant tous les genres, au milieu de laquelle la chronique de Jean-Michel Apathie, trop courte et unilatérale, ne peut être que rarement discutée... Il serait temps qu'un second journaliste l'épaulât dans sa tâche quotidienne, ne serait-ce que pour des besoins urgents d'impartialité...

______

Le prétendu effondrement des idéologies n'a pas vraiment eu lieu. On aurait pu croire, naïvement, que celui-ci allait permettre aux Français, et notamment à leurs "intellectuels" et autres journalistes politiques patentés, de se pencher à nouveau, sans a priori idéologiques, sur le projet républicain d'organisation de la communauté humaine. La pensée républicaine, aux côtés d'autres bien entendu, fournit des outils d'appréhension du monde bien plus novatrices que ce que l'on prétend - à condition de n'être pas dénaturée.

En réalité, la fin de la Guerre froide a débouché d'abord sur le triomphe de l'idéologie de la pseudo-liberté - l'ultra-libéralisme - , trouvant dans le développement d'une société de masse de consom-munication, à l'échelle mondiale, une infrasctructure solide.

La télévision en est, on le sait depuis des années, un des outils majeurs. Le fait que le politique l'investît était inévitable et nécessaire. Mais les dérives qui pouvaient en résulter pullulent aujourd'hui clairement ici ou là.

Le cas Apathie, tel qu'il est apparu lors de l'émission que nous avons analysée, est à cet égard intéressant tant il combine à la fois l'idéologie libérale - au sens économiste et comptable du terme - , hostile aux principes républicains, avec l'utilisation de la télévision pour diffuser cette dernière.

La connivence décomplexée avec Nicolas Sarkozy, ou avec les caciques de son parti, n'est que l'illustration de l'effondrement de la fonction critique d'un certain journalisme politique, de ce que l'on appelait "le 4e pouvoir".

L'accélération du temps à la télévision comme sur Internet, le caractère saccadé qu'implique le zapping permanent, loin d'être pris à rebours par ceux qui devraient s'y employer, ne serait-ce que parce qu'ils disposent d'un temps de parole "public", sont les meilleurs moyens pour intoxiquer les téléspectateurs.

Slogans, discours moralisateurs de choc, quête du scoop, faux débats à valeur polémique ajoutée, prééminence de l'image sur les idées, et donc de la politicaillerie sur le politique, sont les marques de fabrique d'un certain type de journalisme télévisuel dit politique.

La culture républicaine a, trop souvent, beaucoup à perdre à cette congruence d'une idéologie ultra-libérale avec les nouveaux moyens de communication...

Mais ne désespérons pas... Jean-Michel Apathie n'est qu'un des symptômes de cette tendance. Et d'autres journalistes politiques ont choisi de conserver, même à la télévision, un sens critique, une méfiance vis-à-vis de l'idéologie dominante, comme vis-à-vis de leurs propres opinions, sauvant ainsi l'honneur de l'"étrange lucarne"... La vigilance des téléspectateurs, qui sont aussi des citoyens, désormais partie prenante du processus communicationnel, est d'ailleurs souvent salutaire!

Sans quoi, pour actualiser la pensée de La Bruyère, "le sublime du journaliste serait devenu le raisonnement creux sur la politique"!

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Vous pouvez signer en ligne:

-l'Appel "Pour une vigilance républicaine":

Logo_Marianne

http://www.mesopinions.com/Pour-une-vigilance-republicaine-petition-petitions-c27aaf12a9782a846667a8ca95fd33ae.html

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