LA PLOUTOCRATIE SARKOZY DETRUISANT L'ETAT ET LA "VOYOUCRATIE" INCENDIANT LES ECOLES: LE PACTE SECRET
En 1651, Thomas Hobbes posait les fondements de l'Etat moderne, dont il justifiait la suprématie par le besoin de sécurité des membres de la société civile, dans son ouvrage majeur, le Léviathan. Le tout dans un contexte politique anglais et européen de guerre civile et dans le contexte intellectuel d'une révolution scientifique radicale remettant en cause toutes les autorités traditionnelles. En 2007, l'ancien maire de Neuilly-sur-Seine et ministre de l'Intérieur au bilan désastreux, Nicolas Sarkozy, a été élu président sur la thématique de la sécurité, dans le contexte de la montée récurrente, depuis des décennies, des violences urbaines. Il dénonce à la télévision, le 29 novembre 2007, la "voyoucratie" des émeutiers. Le problème, c'est que M. Sarkozy pense que la réduction de cette violence endémique est compatible avec le démantèlement ultralibéral de l'Etat, dans tous les domaines -éducation, Justice, Santé, école et même police... Contradiction évidente malgré les effets d'annonce répressifs et compassionnels, grave de conséquences pour notre pays....
"On dit qu'un Etat est institué quand les hommes en multitude s'accordent et conviennent, chacun avec chacun, que, quels que soient l'homme ou l'assemblée d'hommes, auxquels la majorité a donné le droit de représenter la personne de tous [...], autorisera toutes les actions et jugements de cet homme ou de cette assemblée [...]
dans le but de vivre en paix entre eux et d'être protégés contre les autres".
Léviathan
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LA CONCEPTION DE L'ETAT MODERNE COMME REPONSE AU BESOIN DE SECURITE:
La construction de l'Etat moderne commença au XVIIe siècle, en théorie et en pratique, sur les décombres de la féodalité, des guerres de religion et, il faut y insister, des guerres civiles. Des théoriciens comme Hobbes participèrent, au niveau philosophique, de l'érection des monarchies dites absolues et paradoxalement de l'émergence de la notion de "contrat" entre les individus pour obéir à une force suprême, l'Etat.
Il ne s'agissait en rien de démocratie, ou si peu. De république à peine. Néanmoins, on ne devrait pas oublier que c'est sous l'égide d'un Etat suprême, que le régime républicain puis démocratique s'imposa ultérieurement, après des révolutions, des répressions, des guerres et des luttes sociales diverses selon les pays.
Quelque part, l'antique adage "Suprema lex esto", "la loi est suprême", était réactivé des siècles après l'effondrement de l'empire romain. Et, chez Hobbes, c'est au nom du besoin de sécurité et de protection de la vie humaine que l'Etat devait imposer sa suprématie.
L'Etat suprême de Hobbes, illustré, brandissant à la fois l'épée et la crosse des religieux
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Si cette vision de l'Etat moderne a pour écueil sa fondation elle-même sur le thème de la sécurité, au risque de voir se développer des théories ultérieures qui réduiraient l'Etat au seul "exercice de la violence légitime" ou pire encore, chez les anarchistes libéraux à n'être plus qu'un "gendarme", il n'en demeure pas moins qu'elle allait réintroduire en Europe l'idée d'une instance supérieure aux féodalités de tous ordres, garante de l'ordre public.
NAISSANCE DE L'ADMINISTRATION DE LA POLICE ET RECONNAISSANCE D'UN DROIT A L'ORDRE PUBLIC:
Gabriel Nicolas de la Reynie, premier lieutenant général de police de Paris, nommé en 1667
L'administration policière sera son bras armé, créée en France par Louis XIV en 1667 par un décret de Colbert stipulant que "La police consiste à assurer le repos du public et des particuliers, à protéger la ville de ce qui peut causer des désordres". Gabriel Nicolas de la Reynie sera le premier lieutenant général de police de Paris.
Diplôme de la police municipale et rurale de la République française
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En son article 12, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 posera que:
"La garantie des droits de l'homme et du citoyen nécessite une force publique ; cette force est donc instituée pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de ceux à qui elle est confiée".
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LE RÔLE REPUBLICAIN ET DEMOCRATIQUE DE L'ETAT, COMPLEMENTAIRE DU SOUCI DE L'ORDRE PUBLIC:
A ces compétences de l'Etat il faut adjoindre le "bien-être" du peuple, l'application du droit romain ou coutumier, la garantie de l'ordre public puis bien plus tard les conditions de possibilité d'une république -l'éducation notamment- ou encore d'une démocratie représentative -les parlements, la presse etc, puis sociale -droit du travail, sécurité sociale.
Moment fondateur de la construction de l'Etat-providence français, la mise en oeuvre du programme du Conseil national de la réistance au sortir de la Seconde guerre mondiale
A l'Etat succédera l'Etat-nation puis l'Etat-nation-Providence. Mais ne reprochons pas à Hobbes, comme le feraient bien des anachroniqueurs compulsifs, d'avoir négligé ces futures attributions d'un Etat dont il s'agissait de découvrir un fondement incontesté.
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LE BUT COMMUN DES ULTRA-LIBERAUX ET DES INCENDIAIRES DES BANLIEUES: LE DESENGAGEMENT DE L'ETAT A TOUT PRIX ET LE RETOUR A LA LOI DU PLUS FORT:
La destruction des services publics, de la Santé, de l'école, des hôpitaux publics, menée sous la présidence Sarkozy en France, scelle le démantèlement de l'Etat-Providence et l'étiage de la dimension constitutionnellement "sociale" de la République française.
Mais au-delà, l'hyper-violence qui a sévi dans toutes les sociétés occidentales dites "riches" ces dernières décennies, et en France, ces derniers jours, interroge l'Etat contemporain dans son fondement moderne initial même. L'Etat semble être incapable de permettre aux Français d'atteindre "le but de vivre en paix entre eux et d'être protégés contre les autres". Et pour cause.
Les rapports entre la police et une partie de la jeunesse française sont depuis les années 1990 marqués par des heurts récurrents et, aujourd'hui, aux origines de véritables scènes de guérillas, comme ici à Villiers-le-Bel, en région parisienne, du 25 au 28 novembre 2007
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Toute l'hypocrisie d'une pensée ultra-libérale fière de haïr l'Etat réside dans ce qu'elle prétend construire une "société sans Etat", sans administration, uniquement vouée au commerce et à la finance, et, en fait, au travail, pour produire, et à la consommation, pour travailler puis produire de nouveau, tout en réclamant toujours l'abri d'un système policier garantissant la bonne marche de ses activités fétiches.
C'est cette pensée bancale qui méprise toutes les autres activités, jugées oiseuses ou devant être réservées à des élites -la culture, la politique, l'action, les loisirs. C'est cette pensée, qui ignore tout le processus de civilisation qui préside à l'érection de l'Etat, puis de la République et de la démocratie, qui a triomphé en France, "patrie politique" par excellence disait-on, avec l'élection de l'ancien maire de Neuilly-sur-Seine à la magistrature suprême, le 6 mai 2007, Nicolas Sarkozy.
La réduction de l'Etat, antienne de la pensée ultra-libérale mais désastres sociaux garantis, domination de l'économisme sur la république assurée... La haine du service public de la police, credo d'une jeunesse délaissée par la République, souvent abandonnée à une culture de la violence nihiliste... Auxquels les principes civiques républicains, pour quantité de raisons, demeurent étrangers
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François Fillon, premier ministre de l'ancien avocat d'affaires, maire de Neuilly-sur-Seine et actuel président de la République, Nicolas Sarkozy, avait d'ailleurs à ce propos annoncé la couleur, le 10 octobre 2007, devant des sympathisants de l'UMP:
"Le réforme de l'Etat, ça supposera que [...] chacun d'entre nous accepte qu'il y ait moins de services, moins de personnel, moins d'Etat sur son territoire".
Cette diminution de la présence de l'Etat, des services publics, des personnels de la fonction publique s'appliquera-t-elle donc aux banlieues, qui sont des territoires à part entière de la République?
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La triste vérité est donc que c'est cette même haine ultra-libérale de l'Etat, de la "chose publique" comme de la démocratie représentative qui est devenue la pensée dominante chez une partie de la jeunesse occidentale et française complètement aliénée aux "fausses" valeurs de la société de consommation et de communication, de production et de travail de masse, chérie des ultra-libéraux.
Fermeture de classes dans les écoles au nom de la réduction budgétaire de l'Etat, toujours réclamée par les ultra-libéraux
Ces derniers ferment des écoles et des bibliothèques parce qu'elles ne rapportent rien, de leur point de vue étroitement économiste, tandis que les premiers les brûlent parce qu'elles ne représentent plus rien pour eux -d'autant plus qu'elles semblent n'avoir pas tenu leurs promesses et sont constamment concurrencées et ridiculisées par la télévision, les jeux vidéos ou encore certains domaines de la toile.
Destruction de la bibliothèque municipale de Villiers-le-Bel durant les émeutes du 25 au 28 novembre 2007
Une contre-culture ultra-libérale et hyper-consumériste s'impose sur les ruines de la culture politique ancienne. Que les anarchistes ultra-libéraux le veuillent ou non, à prôner depuis des années l'apparition d'une "société sans Etat", ils participent clairement de la destruction de la "chose publique", de l'effondrement de la république et in fine du déchirement du tissu social et humain auxquels on assiste au quotidien dans les quartiers dits "difficiles".
Est-ce là la "société sans Etat" rêvée par les admirateurs irresponsables de la toute-puissance du marché et de la finance? Une jeunesse à laquelle on n'a pas dit que le "vivre-ensemble" supposait autre-chose que ses fausses "valeurs" de la concurrence, du règne du plus fort et autres balivernes...
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LA VIOLENCE, LE SEXE ET L'ARGENT, PACTOLES PARTAGES OU CONVOITES PAR LE "CAPITALISME DE LA SEDUCTION", LA SOCIETE DE MASSE DE CONSOMMATION ET LA CULTURE DE LA VIOLENCE URBAINE CONTRE L'ETAT:
Ceci nous mène à l'ultime et la plus radicale hypocrisie de la pensée ultra-libérale, mettant à jour sa complicité objective, qu'il faudra bien analyser un jour, avec la production de la délinquance de masse. Pour citer à nouveau Hobbes:
"Il est manifeste que pendant ce temps où les humains vivent sans qu'une puissance commune ne leur impose à tous un respect mêlé d'effroi, leur condition est ce qu'on appelle la guerre".
Sur quoi donc se fonde cette conviction, si réaliste qu'elle en paraît pessimiste, du philosophe Hobbes? Précisément sur les mêmes fondations que la pensée ultra-libérale et que la société de consommation qui en résulte: sur "les désirs et les autres passions humaines", et sur ce fait...
"qu'on trouve dans la nature humaine trois causes principales de conflit: premièrement, la compétition; deuxièmement, la défiance; troisièmement, la gloire".
L'éthique des nouveux jeux de télé-réalité: éliminer les compétiteurs les plus "faibles" pour faire gagner de l'argent aux plus "forts"...
Si Hobbes estimait qu'il fallait bâtir une force suprême pour contrer les désirs et passions potentiellement destructrices car illimitées de l'homme, la société de consommation et le "nouvel esprit du capitalisme" veulent que tout l'ordre social se mette au service continuel des désirs et des passions insatiables, en produisant toujours, en inventant toujours de nouveaux besoins, quitte à ce que ceux-ci soient de "faux besoins".
Comme le dit Michel Clouscard dans "Critique du libéralisme libertaire, généalogie de la contre-révolution", "la nouvelle société permissive, celle du marché du désir, du consensus idéologique des nouvelles couches moyennes" correspond à "la marée des nouvelles couches moyennes [qui] refuse tous les encadrements traditionnels, religieux, moraux, politiques. L'hyperfonctionnalisme du système (management et animation) suffit".
Le problème étant que si les classes moyennes, aujourd'hui en voie de déclassement économique, n'ont plus rien d'autre à revendiquer que de continuer à jouir de leur petit bonheur matérialiste -leur maison, leur voiture, leurs loisirs-, les exclus de cette société du "marché du désir" sont abandonnés à des frustrations immenses du fait qu'ils partagent ces mêmes fausses valeurs matérialistes sans pouvoir y accéder. Au lieu de se révolter contre les tenants de ce système économique, ils découvrent les moyens illégaux de "faire de l'argent" ou se livrent à une violence vengeresse, destructrice du tissu social comme des institutions de la République, durablement décrédibilisées car tenues pour coupables de leur non-accès à ces chimères du "capitalisme de la séduction".
Le credo de la société de consommation de masse: "n'importe qui peut ganger des millions, n'importe comment"...
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Dans "Le nouvel esprit du capitalisme", Luc Boltanski et Eve Chiapello estiment qu'"énoncée dans une rhétorique libertaire, la critique de l'Etat des années 70 pouvait ne pas reconnaître sa proximité avec le libéralisme: elle était en quelque sorte libérale sans le savoir". Le nouveau capitalisme et sa société de consommation globale prônent désormais "l'épanouissement d'un mode de vie, basé sur la jouissance immédiate dans la consommation stimulée par le crédit et la prduction de masse, que les salariés des entreprises capitalistes étaient incités à embrasser dans leur vie privée". Erigeant en valeur "l'hédonisme matérialiste de la société de consommation", cette nouvelle société multiplie les frustrations pour ceux sont exclus de cette jouissance immédiate, tout en leur interdisant toute alternative: "alors [que le capitalisme] constitue, par essence, un processus insatiable, les personnes sont, quant à elles, satiables, en sorte qu'elles ont besoin de justifications pour s'impliquer dans un processus insatiable".
Sarkozy Voyoucratie du Voyoucrate Anges déchus
Vidéo envoyée par alizoh8
L'ancien maire de Neuilly-sur-Seine et ministre désastreux de l'Intérieur, découvrant après des années aux responsabilités l'existence d'une "voyoucratie" armée, prête à en découdre avec les représentants de cet Etat dont M. Sarkozy a décidé qu'il fallait l'affaiblir comme jamais auparavant. Ici le 29 novembre 2007 devant les forces de l'ordre à la Défense, à Paris... Discours répressif mais aucune réflexion sur le "pourquoi"?
Les "voyous" fustigés par l'ancien maire de Neuilly-sur-Seine et actuel président sont eux-mêmes aliénés à ces fausses valeurs dominantes, qu'ils surinvestissent du fait même qu'ils ne peuvent y accéder. C'est là le point commun entre les dirigeants ultralibéraux et les déliquants ultraviolents: ils haïssent l'Etat et toutes les médiations civiques et démocratiques, vouant un culte irraisonné et passionnel pour l'argent. Toute l'oeuvre hobbesienne de construction d'un Etat qui limiterait les désirs, la concurrence, la compétition, la loi du plus fort, tombe en lambeaux...
"Le peuple qui a les meilleures écoles est le premier peuple, s'il ne l'est pas aujourd'hui, il le sera demain", se prêtait à rêver l'école gratuite, laïque et obligatoire de Jules Ferry
A l'intégration par civique et culturelle, nécessairement conditionnée à l'intégration dans le monde du travail, s'est substituée la réussite par l'argent pour l'argent.
Aujourd'hui, on pourrait dire que "le peuple qui a les travailleurs les plus exploités et les consommateurs les plus motivés est le premier peuple"... La "culture" hip-hop a parfois trop bien intégré ce slogan qui postule qu'il faut "réussir ou mourir", "devenir riche ou mourir en s'y essayant", comme le proclame l'affiche du film du rappeur états-uniene 50 cent...
Le mensongne de M. Sarkozy réside dans ce fait qu'il a prétendu "réhabiliter la valeur travail" alors qu'il nous rejoue le culte du Veau d'or, l'adoration de l'argent. Sa ministre de l'Economie et des finances, Mme Lagarde, a elle-même osé clamer dans l'enceinte des représentants du peuple, à l'Assemblée nationale, qu'il fallait désormais "réhabiliter l'argent"! La dépénalisation du droit des affaires va d'ailleurs clairement dans ce sens...
Sexe et violence, consommation par tous les moyens de la "femme-marchandise": et des jeunes des "cités" qui se disent: "pourquoi pas nous?", quitte à écraser les plus faibles...
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"Sexe et violence sont les deux mamelles auxquelles s'alimentent voyous et ploutocrates", pourrait-on dire en parodiant une célèbre citation d'un ministre éminent du roi Henri IV...On pourrait penser à un retour à la barbarie prémoderne, au temps de la guerre de chacun contre chacun, à voir la présidence Sarkozy détruire un à un les jalons patiemment posés sur le chemin de la civilisation républicaine. Prétendre rétablir la paix civile en démantelant l'Etat, en affaiblissant les services publics de la Justice, de l'éducation, de la Santé et même de la police, est l'une des plus grandes impostures de notre actuel président de la République. Ses effets se révèleront certainement dramatiques mais qui est là pour dénoncer ce processus inquiétant de barbarisation, tant au sommet de l'Etat qu'au bas de la société...
Hobbes, peut-être, se retourne-t-il dans sa tombe, pendant que les Français voient les plus riches d'entre eux s'enrichir encore, et les plus désaxés rêver de devenir riches ou se colérer de ne pas pouvoir le devenir... Le rétablissement des "valeurs" promis par le candidat Sarkozy est en fait un piétinement de plus de toute notre civilisation républicaine, un renversement radical de tous ses principes... A quel prix?
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