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Journal d'un ségoléniste ! Et autres petites histoires !
29 juin 2007

LA DROITE DE SARKOZY, SYNTHESE OU RUPTURE REBPUBLICAINE? 3.a.2

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Th_orie_de_la_justiceQuant à l’idée d’égalité, elle en sortira fortement affaiblie. Caricaturée, assimilée à l’égalitarisme soviétique, alors qu’il s’agit d’abord de l’égalité devant la loi, et, en amont, d’une certaine justice sociale qui la rende effective –héritage de l’isonomia de la Grèce antique-, elle devra être abandonnée, ce à quoi procèdera la gauche anglaise de Tony Blair, servie par des théories comme celles d’un John Rawls. Son ouvrage canonique, Théorie de la justice, qui a, malgré son extrême complexité et ses prétentions pseudo-scientifiques qui le rendent très ennuyeux, fasciné droite et gauche européennes confondues, a conduit au remplacement de la notion d’égalité par celle d’équité. Pour résumer, à l’horizon souhaitable d’une égalité ou d’une tendance à l’égalité collective des hommes, il faut préférer une situation où chacun, pris individuellement, isolé de la collectivité, devrait pouvoir progresser socialement selon ses possibilités individuelles et sans remettre en cause l’ensemble des inégalités existantes !

Le second principe de la justice défini par Rawls édicte même que :

« Les inégalités sociales et économiques doivent être organisées de façon à ce que, à la fois, l’on puisse raisonnablement s’attendre à ce qu’elles soient à l’avantage de chacun et qu’elles soient attachées à des positions et fonctions ouvertes à tous ».

De ce jargon, on retiendra qu’il faut désormais accepter les inégalités sociales, à condition qu’elles laissent à chacun des possibilités d’évolution individuelle, sans remettre en cause ces injustices elles-mêmes…

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Evidemment, si tout cela pouvait paraître séduisant intellectuellement, si beaucoup avaient vu là une fenêtre ouverte à la gauche pour enfin abandonner le marxisme et se "moderniser", la théorie peut paraître presque nauséabonde tant les inégalités ont grandi et le fossé est devenu immense en Occident, entre des pauvres de plus en plus pauvres et des riches de plus en plus riches, situation qui caractérise d’ailleurs l’Angleterre de Blair, laboratoire idéalisé de la modernisation de la gauche. On pourrait alors parler sans gêne d’une "théorie de l’injustice", adoptée par les élites, même de gauche !

Pub_millionnaire      soupe_populaire

Les deux facettes d'une même société : gagnants et perdants à la loterie de la nouvelle "justice sociale": millionnaire et soupe populaire

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Ce qui est décisif ici pour nous, c’est une fois encore le recul des principes républicains et tout le bénéfice qu’en retirera la nouvelle droite. Parce que du fait de toutes ces évolutions, la gauche se trouvera face à des difficultés intellectuelles et des défis culturels énormes ! Qu’elle n’a pour l’instant pas été en mesure de relever…

  1. L'ABANDON DE LA QUESTION SOCIALE ET DES TRAVAILLEURS A LA DROITE

    1. L'ABANDON DE LA QUESTION SOCIALE PAR LA GAUCHE, AU PROFIT DE LA DROITE...

Dans le champs intellectuel et universitaire, il faut bien comprendre que le développement d’un individualisme narcissique exacerbé, théorisé par la nouvelle pensée manageriale et réalisé au travail, a trouvé de puissantes justifications philosophiques grâce à l’importation de courants de pensées, notamment anglo-saxons, mais se revendiquant de la french theory (de Foucault à Derrida, de Deleuze à Lyotard etc.).

C’est ainsi que l’abandon des études d’inspiration marxienne, centrées sur l’analyse critique des rapports de force économiques, politiques et sociaux, a laissé place au développement des études dites culturalistes et identitaires : cultural studies, subaltern studies, ethnic studies, gender studies, le tout fondé sur l’idée qu’il faut abandonner toute "pensée universaliste", condamnée en tant qu’idéologie dominante, pour étudier les minorités culturelles, ethniques, sexuelles, les sous-cultures, les représentations des "dominés" qui seraient les vrais sujets de la nouvelle philosophie politique. La modernité politique est donc condamnée et fustigée, accusée d’avoir servi la domination des femmes, l’aveuglement sur les discriminations à l’égard des homosexuels ou des citoyens de couleur et des étrangers, la destruction des "minorités" régionales, le colonialisme voire le nazisme et le stalinisme. La pensée marxienne est accusée d’avoir masqué les multiples dominations sociétale en s’étant focalisée sur la seule domination de classe.

Les_furiseues_phallopes    Querr    ghetto

Les "furieuses phallopes", la théorie querr le transexualisme, le trans-genre etc., la lutte pour la reconnaissance des ghettos ethniques, nouvelles revendications surgies sur les décombres de la "lutte de classe"

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L’apport considérable de ces nouveaux champs d’étude est incontestable mais le problème est que leur prééminence dans le champ intellectuel et dans la presse dite politique qui inspirent tous deux les partis politiques, masque la réalité de nouveaux clivages non culturels, non identitaires, non minoritaires, non sexuels mais bien économiques et sociaux. La réalité de ces clivages est bien perçue par les perdants du nouveau capitalisme dont l’esprit est si bien décrit par Boltanski et Chiapello.

D’où l’impression par les classes dites « populaires » que la « pensée de gauche » s’est détournée du « peuple de gauche » pour défendre des minorités certes culturellement dévaluées pendant longtemps mais économiquement et sociétalement intégrées. Cette pensée de gauche donne en outre l’impression de diviser les classes populaires en opposant en leur sein citoyens de cultures différentes, Français d’origine immigrée et Français dits de souche, hétérosexuels et homosexuels, hommes et femmes etc.

Gay_pride_2001

La gay pride de 2001, manifestation annuelle pour la défense des droits des homosexuels, dont les origines politiques sont parfois trop oubliées

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ZizekComme le dit Zizek, critique virulent de la pensée culturaliste et postmoderne, la "vision de l’universalité (l’universalité des droits de l’homme, etc.)" a été abandonnée à la préférence d’"un espace partagé de compréhension entre les différentes cultures, comme une tâche infinie de traduction, de retravail constant de notre position particulière…". Et de préciser que "cette vision de l’universalité, en tant que travail infini de traduction, n’a strictement rien à voir avec ces moments magiques où l’universalité effective fait brutalement son apparition sous la forme spectrale de l’acte éthico-politique ? L’universalité réelle n’est pas l’espace neutre de la traduction, jamais définitivement conquis, d’une culture particulière dans une autre, mais plutôt l’expérience violente de la manière dont, à l’intérieur de la division des cultures, nous partageons le même antagonisme". Ce même antagonisme social par rapport à la réalité d’un néocapitalisme violent et d’un ultralibéralisme triomphant.

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Le problème pourtant n’est pas tant l’abandon par la gauche française des apports de la pensée marxienne que le fait qu’avec l’adoption des points de vue uniquement culturels, ethniques ou sexuelles, c’est la culture républicaine française de gauche qui est jetée avec l’eau du bain.

Tout s’est passé comme si les élites intellectuelles de gauche s’étaient enfermées dans des débats byzantins éloignés de la réalité sociale et politique française. Car la culture républicaine communément partagée avait toujours fait place depuis la Révolution française à la question sociale, à celle des privilèges et des pauvres, à la justice sociale etc.

Cet abandon par la pensée dite "progressiste", labellisée "de gauche", a largement contribué au fait que c’est la nouvelle droite de M. Sarkozy qui a pu, pour part après le Front national, se présenter comme la protectrice de "la France qui souffre" et en premier lieu des travailleurs, jusqu’à accuser même la gauche d’être responsable des dérives financières du nouveau capitalisme mondialisé –tout en affichant un programme et en prenant désormais des mesures fiscales et "sociales" largement défavorables aux plus démunis, aux salariés pauvres voire aux classes moyennes inférieures.

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Que cela plaise ou non, il s’agit là d’un des retournements politiques et culturels les plus importants de la vie politique française et d’une défaite intellectuelle de taille pour la gauche et pour la République.

    1. LA NOUVELLE DROITE, DEFENSEUR DES TRAVAILLEURS? : INJUSTICE SOCIALE ET RHETORIQUE COMPASSIONNELLE

Extrait débat VGE-Mitterrand 1974
Vidéo envoyée par aklineuropa

L'un des paris les plus audacieux de M. Sarkozy: s'approprier le thème de la défense des travailleurs: en 1974, le candidat socialiste M. Mitterrand était encore le défenseur crédible des prolétaires...

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tout_le_monde_n_a_pas_eu_la_chance_d_avoir_des_parents_communistesL’étiolement du parti communiste français comme de la gauche anticapitaliste, notamment dans leurs bastions traditionnels, n’avait peut-être pas inquiété assez le reste de la gauche, tant qu’il paraissait bénéficier au Front national, exclu du jeu républicain et tenu à l’écart de la droite républicaine. Jusqu’à ce que M. Sarkozy décide de faire campagne sur ses thèmes et de récupérer son électorat, notamment populaire.

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"Tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir des parents communistes", un film à voir, pour s'amuser, mais aussi pour voir le rôle social et humain que jouait, dans le quotidien de millions de Français, le parti communiste dans les années 50!

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Le culte du travailleur, longtemps monopolisé par la gauche et sacralisé par l’Union soviétique, abandonné comme nous venons de le voir par le "discours de gauche" dominant, a été au cœur de la campagne de M. Sarkozy. Son slogan : "travailler plus pour gagner plus", censé résumer la solution à la baisse du pouvoir d’achat des travailleurs les moins bien payés, a fait mouche, et laissé la gauche quasiment sans voix.

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Mais l’ancien maire de Neuilly-sur-Seine, la ville la plus riche de France, est allé beaucoup plus loin durant saouvrier campagne présidentielle. Car la "défense des travailleurs" s’est accompagnée d’un discours compassionnel, typique d’une certaine pensée libérale du XIXe siècle, mais modernisé par M. Sarkozy.

En accord avec la pensée postmoderne, qui fragmente l’électorat politique en micro-groupes séparés, le discours compassionnel du candidat Sarkozy a fonctionné à plein.

Il a permis d’isoler la question sociale et de la séparer de l’ensemble d’un programme nettement favorable aux couches les plus aisées du pays –le bouclier fiscal, la fragilisation des services publics gratuits et destinés à tous les citoyens –pensons à la Sécurité sociale- à la faveur des organismes privés payants et accessibles à ceux qui auront les moyens d’y souscrire en sont des exemples criants.

Dans le cadre d’une vie politique ultra médiatisée, les discours rhétoriques prennent souvent le pas sur la présentation des programmes et l’analyse de leur cohérence. Le "discours pour la France qui souffre", tenu le 18 décembre 2006 à Charleville-Mézières, dans une région durement touchée par le chômage de masse, une désindustrialisation puis des délocalisations au coût social et humain très élevé, est l’emblème même de la récupération par la nouvelle droite d’une question sociale que la gauche lui a offert sur un plateau d’argent. Dans laquelle l'ancien Premier ministre socialiste, Lionel Jospin, porte une responsabilité historique.

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L'Etat ne peut pas tout
Vidéo envoyée par aklineuropa 

Le Premier ministre socialiste Lionel Jospin, opposant une fin de non-recevoir aux demandes des ouvriers en pleine campagne présidentielle 2002. Posture qui favorisera son élimination dès le 1er tour des élections, à la faveur de Jean-Marie Le Pen. Symbole d'une gauche qui a perdu les classes ouvrières et populaires.

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La compassion de la droite s’était introduite avec fracas dans le débat présidentiel opposant déjà Mitterrand à Valéry Giscard d’Estaing, avec la célèbre formule "vous n’avez pas le monopole du cœur", elle avait marqué la campagne victorieuse de M. Chirac aux présidentielles de 1995, mais elle demeurait "conceptuelle" -"il y a une fracture sociale en France". Et la gauche paraissait encore crédible sur ces sujets.

En 2007, le candidat de la droite développa comme nous venons de le dire une rhétorique populiste et compassionnelle directe, immédiate, sentimentale –évoquant "la France qui souffre", sans concepts ni tabous, tandis que la gauche paraissait culturellement et conceptuellement déconnectée depuis des années de la question sociale –malgré toutes les mesures que la gauche de gouvernement n’a cessé de mettre en œuvre en faveur des plus démunis lorsqu’elle fut au pouvoir.

"Vous n'avez pas le monopole du coeur", ou l'introduction de  la morale compassionnelle dans la droite française contemporaine, lors du débat présidentiel de 1974

A Charleville-Mézières, l’ancien maire de Neuilly-sur-Seine, développa un discours proche de celui du Front national, d’abord protestataire, antilibéral et nationaliste dénonçant "la capitulation sociale à laquelle la mondialisation et l’Europe servent d’alibis depuis vingt-cinq ans". Lui, le candidat de la droite libérale, favorable à l’adaptation, quel qu’en soit le prix social et humain, de la France aux lois de la globalization !

Usine_d_saffect_e_en_Guadeloupe                       Usine_d_saffect_e_pr_s_de_Lille

Usines désaffectées, en Guadeloupe et près de Lille

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A ce type de discours correspond évidemment la nomination très médiatique au gouvernement de Martin Hirsh comme "Haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté" le 18 mai 2007 par le président Sarkozy. L’arrivée à un "Haut commissariat à la pauvreté" de l’ancien président d’Emmaüs, symbolise cette dépolitisation de la question sociale, sa déconnexion de l’ensemble des mesures économiques et sociales engagées par le gouvernement et son traitement sur le mode humanitaire et compassionnel. Le grand avantage de cette position est qu’un gouvernement qui prendra des mesures produisant plus de pauvres se vantera de venir en aide à ceux-ci, au plus haut niveau de l’Etat… Stratégie du pompier pyromane…

SDF

La prolifération des Sans Domicile Fixe (SDF) dans les grandes villes françaises, exclus des mécanismes de solidarité nationale, va de pair avec la multiplication des organisme de charité et d'aide d'urgence, très médiatisés et valorisés, mais dont le rôle n'est pas de réinsérer ces femmes et ces hommes, mais de les maintenir en état de survie...

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Encore une fois, le souci républicain de ne pas sous-traiter la question sociale comme le projet de l’Etat-Providence d’intégrer les "exclus" dans le pacte économique et social sont alors durement mis à mal.

A la gauche de répliquer et de se réapproprier une question sociale qui n’est pas près de s’épuiser… De répondre au compassionnel par le politique…

  1. LES EXCES DE LA PENSEE LIBERTAIRE: HAINE DE L'ETAT-NATION ET DE LA REPUBLIQUE

    1. LA CRITIQUE DE L'ETAT ET LA HAINE DE LA NATION

Réintégrer la problématique de la pauvreté de masse dans le champ politique requiert d’une façon ou d’une autre de croire encore dans le rôle de l’Etat et de la loi, au moins comme régulateurs et garants d’une cohésion sociale et nationale digne d’une société civilisée, en accord avec des principes républicains réactualisés.

Crouy_sur_Ourcq__gare_SNCF__mai_2005    Uz_s__fa_ade_de_l_ancienne_Poste__juillet_2005

Les services publics, une réalité tangible et une fierté partagée: une gare en région parisienne et l'ancienne poste d'Uzès

Mais là encore, la pensée dite "de gauche" a œuvré pendant des années pour condamner l’Etat, décrédibiliser l’idée de nation et en nier sa réalité –institutionnelle, politique, géographique, linguistique, juridique, quotidienne- et les abandonner à une nouvelle droite fondamentalement antiétatiste et oscillant dangereusement du néo-nationalisme au cosmopolitisme de l’argent le plus éhonté.

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Comme le rappellent encore Boltanski et Chiapello, "énoncée dans une rhétorique libertaire, la critique de l’Etat des années 70 pouvait ne pas reconnaître sa proximité avec le libéralisme : elle était en quelque sorte libérale sans le savoir". A taxer l’Etat de bras armé de la classe dominante, les services publics d’"appareils idéologiques d’Etat", l’hôpital public de lieu carcéral, l’école de lieu de reproduction des élites, à accuser l’Etat d’organiser un racisme ordinaire pour mieux asseoir une domination potentiellement totalitaire, à identifier tout dépositaire de l’autorité publique à un policier bête et méchant, à résumer l’histoire de la constitution de l’Etat en France à celle d’une répression des "identités" régionales, linguistiques, culturelles, ethniques etc. sur un mode intrinsèquement génocidaire, une bonne part de l’« intelligentsia » de gauche –à ne pas confondre avec les responsables politiques de gauche- a une responsabilité énorme dans la dernière victoire de la nouvelle droite et dans l’adhésion de couches populaires de plus en plus importantes à son discours.

Breton   panneau_corse

Les régionalismes, grande cause de la gauche hostile à l'Etat républicain "jacobin", reconnus par la guache au pouvoir, ont débouché en Corse sur une montée en puissance des groupuscules "identitaires", parfois xénophobes et même terroristes...

       

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La première difficulté vient donc de ce que, tandis que la critique de l’Etat est devenue dominante dans la "pensée de gauche", libertaire, révolutionnaire ou simplement libérale, les couches populaires, qui votaient traditionnellement à gauche, souffrent concrètement du désengagement de l’Etat et des services publics dont il a la charge, comme de la dégradation de l’école publique ou encore de l’absence d’aide conséquente de la puissance publique en cas de catastrophe économique. Libéral et partisan d’un Etat réduit dans les faits, M. Sarkozy aura sans complexes plaidé durant sa campagne pour "un Etat fort".

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S’agissant de la nation, l’éditorial daté du 30 mai 2005 de Serge July, patron du « quotidien référence » de la gauche Drapeau_fran_aismoderne française, Libération, au lendemain du rejet par référendum national du Projet de traité instituant une Constitution pour l’Europe est intéressant. Le non à ce projet était d’abord pour lui teinté de "populisme" et de "xénophobie"… un "chef-d’œuvre masochiste", une victoire cachée des thèses de Le Pen etc. Quelque part, il témoignait encore de l’impensé et du déni de la réalité nationale cultivés pendant des dizaines d’années "à gauche", marqués par la confusion entre nation et nationalisme, entre nationalité et racisme, entre nationalisme et fascisme, colonialisme voire totalitarisme et autres syllogismes confus.

ApresEtatNationPlus subtilement, la pensée et le livre de Habermas, Après l’Etat-nation, sortis du contexte allemand de leur genèse –avec toutes les difficultés que ce pays peut légitimement éprouver s’agissant de l’idée de nation du fait de son passé-, sont devenus des références pour les élites bruxelloises et de nombreux professeurs de science politique, favorables à l’instauration de structures supranationales, non pas tant dans une perspective cumulative que dans l’esprit d’une limitation nécessaire des excès potentiels de la gouvernance nationale.

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Mais le second problème pour la gauche est que son électorat traditionnel, dans ses couches les plus défavorisées, souffre d’une faible mobilité géographique –certains ne partent même pas en vacances. Il n’a bien souvent pas les moyens de voyager hors des frontières nationales. Et la nation est bien une réalité tangible pour eux ! Les classes populaires voient leurs enfants rencontrer trop souvent des difficultés à apprendre les langues étrangères et à effectuer des séjours linguistiques à l’étranger. L’Europe demeure bien éloignée de leur quotidien ! A l’inverse, les classes privilégiées, et les élites de gauche bien entendu, se mondialisent plus aisément et ont une vision bien plus relative de la réalité nationale.

Paris__Grand_Palais__21_septembre_2005__55_

L'immense verrière du Grand Palais à Paris, véritable démontration de force architecturale de la République naissante

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Caricature_p_tainiste_de_Mme_RoyalMalgré ces réalités sociologiques, dans le sens commun, c’est la gauche qui semble la plus rétive à toute référence à la nation, et c’est la droite qui crée un "ministère de l’identité nationale", sur le mode du bon sens. Lorsqu’une candidate socialiste à la présidentielle –scrutin dont la circonscription est précisément le territoire national et ses dépendances à l’étranger et qui a lieu après une campagne menée dans la langue nationale, le français- évoque la Marseillaise et la nation, des personnalités de gauche la traitent de pétainiste, de nationaliste, évoquant son attachement barrésien à la France et autres balivernes… Au bénéfice d’un candidat de la droite qui évoque avec satisfaction ses origines immigrées tout en reprenant les thèmes traditionnels de l’extrême droite. Autre naïveté touchante si elle n’était intellectuellement malhonnête, les défenseurs des sans-papiers développent souvent des arguments anti-nationaux d’un universalisme ou d’un cosmopolitisme touchants alors que le but d’un sans-papier est précisément d’obtenir une régularisation sur le territoire national voire, à terme, la nationalité elle-même…

CNI

La carte nationale d'identité, un privilège pour ceux qui en demeurent privés...

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A la gauche de comprendre que l’Etat-nation demeure encore le cadre de la citoyenneté et du pacte républicain, même au sein de l’Union européenne et dans le cadre de la mondialisation. Ceci tout en se gardant bien de fétichiser cette réalité nationale ! D’articuler ces différents niveaux entre eux d’une part, avec les niveaux locaux, départementaux ou régionaux et même familiaux et individuels d’autre part. A l’opposition aussi d’expliquer, comme elle a commencé de la faire, la dangerosité de la création d’un ministère de l’immigration et de l’identité nationale, en contradiction nette avec l’esprit de la République.

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